Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/326

Cette page n’a pas encore été corrigée
312
CATHERINE DE MÉDICIS

sur le Thouet, qui n’est encore qu’un ruisseau ; La Rochefatou, un petit château où l’on couche ; Airvault et son pont de pierre : et l’on arrive à Oiron le 22. Ici l’on s’arrête deux jours, car le château appartient à M. de Boissy. Chez les Boissy (Gouffier) on est de père en fils gouverneur du roi, écuyer, chambellan, et l’on a le privilège de coucher dans la chambre du souverain, et même l’honneur de partager son lit. Ainsi s’échangent des secrets. C’est bien le moins que le roi dorme dans le lit de son féal ! Départ le 25 septembre pour Thouars. Le roi fait son entrée dans la petite ville recueillie, dont le beau château appartenait à M. de la Trémoille. C’est Louis, troisième du nom, petit-fils du « chevalier sans reproche », premier duc de sa maison, qui avait épousé Jeanne de Montmorency, une fille du connétable. M. de la Trémoille se montra un puissant et loyal seigneur : il envoya au devant de la famille royale neuf cents « grisons poitevins », c’est-à-dire les bonnes gens cultivant le pays, ses sujets et, il offrit un festin à Charles IX. Après le déjeuner, on baptisa la fille du seigneur de la Trémoille, qui reçut les noms de Charlotte et de Catherine. La collation fut belle avec distribution de confitures. Puis le roi regagna Oiron, chez M. de Boissy, où pendant trois jours reprirent les danses et les branles de Poitou ¹,

On part pour Loudun le 26 septembre, en direction de la Loire ; on déjeune le lendemain à Ceaux, pauvre village, avant d’aller coucher à Champigny-sur-Veude, au château de M. de Montpensier. M. de Montpensier est Louis de Bourbon, dont la mère fut une Montmorency. Issu de « l’estoc de ce grand roi saint Louis », comme il disait, il cherchait à l’imiter dans la défense de la foi. Gouverneur de Touraine et d’Anjou, il recommandait les hérétiques à son bourreau et leurs femmes à son guidon. Lui, il menait toujours l’avant-garde au combat. M. de Montpensier était l’un des hommes France que l’ambassadeur d’Espagne estimait plus. Il faut dire qu’il se montrait alors l’un de ces catholiques fervents qui se proclamaient, en toutes circonstances, serviteurs du roi d’Espagne³.

1. Le compte de bouche porte au gite d’Oiron : cochon, mouton, bœuf à la royale, salade, fromage, fruit (Bibl. Nat., fr. 25755). 2. Entre Loudun et Richelieu. 3. Plus tard don Francès le dira plutôt froid (1570).

D gitized by


1