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CATHERINE DE MÉDICIS

les vagues ondoyantes. Sur le portail du logis du roi, on lisait ces vers :

Les Rocheloys chantent l’heur immobile
D’une chrétienne et notable Sibyle !…

La Sybille, sage et chrétienne, désignait naturellement Catherine de Médicis que tous reconnaissaient. Même en lui prêtant un esprit prophétique, lorsque la reine regardait la mer, les tours que l’on fermait avec des chaînes pour défendre l’entrée du port, et la lanterne, le plus ancien des phares de France, sur ce miroir des nues de septembre ou l’étain de la mer, eût-elle lu le destin de son fils le plus chéri qui devait dans la tranchée risquer sa vie pour tenter de reprendre la ville sur les rebelles, les réformés et les Anglais, et le risque du pays privé si longtemps de son seul port de guerre sur l’Atlantique ?

Tel sera cependant le résultat de nos divisions à l’intérieur.

Mais le passage de Charles IX à La Rochelle indique déjà les difficultés à venir. Des paroles malheureuses au sujet des Rochelois y furent prononcées par l’avocat Jean de Haize, qui voulait mettre en valeur le zèle de Jarnac. Et Charles IX, avant son départ, défendit de contrevenir à l’édit de pacification, enjoignant aux magistrats de protéger la religion catholique. Il voulait qu’on pût entendre librement la messe. Ce qui fut affiché dans toutes les églises.

Le ministre La Vallée dut sortir de la ville, et Jean Pierres, lieutenant général, reçut pour résidence la banlieue de Paris. Six bourgeois furent exilés.

Après la publication de ces deux arrêts, Charles IX quitta la ville sans vouloir être reconduit.

C’est un fait qu’après son départ, au dire de don Francès, de nouvelles violences furent exercées contre les catholiques.