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EN SAINTONGE ET VERS LA ROCHELLE

Combien, dans cette région, les Romains avaient laissé de hautes antiquités, vestiges d’arcs et de portes !

Charles IX, ayant passé sous l’arc de Montrubel, arrivait à Saintes-la-Romaine, dans l’après-midi. La ville, qui rappela beaucoup Nîmes aux voyageurs, donna une entrée.

Et là encore, nous sommes dans un pays en grande partie gagné à la Réforme.

Avec curiosité les compagnons du voyage découvrent les villages de Saint-Trojan, du Mesnil, dont les hauts clochers dominent les marais, les salines et la mer. Ici tous les habitants sont « mariniers », c’est-à-dire marins ou vivant de l’Océan. Ils s’avancent, en bel équipage, habillés de velours de couleur ; leurs enseignes sont déployées et l’artillerie tonne. Autour de Marennes brillent et s’étendent les plus vastes salines connues. On aperçoit les îles du Pertuis et de Saint-Pierre d’Oléron. Charles IX y passa une journée entière. Car le sel, c’est la mine d’or du roi de France. Beaucoup de gens vivaient du travail et de l’industrie du sel à Marennes ; là, les gens des gros villages voisins se rassemblèrent. Charles IX a pu en voir défiler jusqu’à six ou sept mille, ce qui était pour l’époque un immense rassemblement.

Le 5 septembre, on gagna Brouage, au milieu des marais salants, en suivant la chaussée qui les traversait. Alors on construisait une nouvelle ville, autour du « port », si célèbre en ce temps. Tous les habitants du voisinage s’y étaient rassemblés. Charles IX, salué par l’artillerie des vaisseaux dans le port voisin, revenait coucher à Marennes.

Ici les huguenots étaient en majorité. Et quand cela arrivait, on ne baptisait plus, car les réformés s’emparaient des églises. C’est pourquoi, le 6 septembre, à Marennes, neuf cents personnes s’étaient rassemblées autour du roi dans l’église pour faire leurs Pâques catholiques. Et les enfants que l’on baptisa étaient déjà si grands qu’ils pouvaient eux-mêmes demander le sacrement au prêtre. Charles donna son nom aux garçons et nomma Charlotte les filles.

Le 7 septembre, déjeuner à Cormeran. Le roi retourne à Saintes le 8 où l’on mangea des huîtres en écaille ; il assiste, le dimanche 9, à la procession générale.

Il convenait maintenant de monter jusqu’à La Rochelle, l’unique port militaire de la France sur l’Atlantique. On déjeune à Brizambourg. On traverse la rivière de la Boutonne, sur un