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XXVI

EN SAINTONGE ET VERS LA ROCHELLE



On partit en excursion, le 25 août, pour gagner Louzac afin de déjeuner dans la maison du Rhingrave, comte palatin du Rhin, conducteur des reîtres, les pauvres cavaliers allemands qui avaient fait le rêve de vivre de leur industrie de guerre chez nous et de devenir les arbitres de nos querelles.

Le Rhingrave, ou comte du Rhin, prince catholique, était Philippe de Salm, colonel des Allemands du roi.

Établi chez nous, ne touchant pas souvent son argent, parfois il semblait ne pas savoir comment s’employer, et au service de qui. La visite royale pouvait du moins le consoler. Car Philippe de Salm avait bien servi les rois de France ; il s’était marié chez nous ayant épousé la veuve de Charles de Crussol[1]. Et depuis qu’il avait amené des troupes lors des premiers troubles, on l’avait vu contribuer à la reprise de Rouen et du Havre. Le Rhingrave présentait la plus curieuse physionomie, un peu hirsute et débonnaire, comme les cavaliers qu’il avait acclimatés chez nous, à l’aspect singulier, avec leurs grosses et longues moustaches, leurs habits noirs, leurs chevaux aux longs poils, mais qui après tout montraient plus d’ardeur à vider les pots, et de joie à toucher leur solde, que de zèle à porter des coups et à combattre leurs propres frères allemands sur les champs des guerres civiles.

On partit de Cognac, le 1er septembre, pour déjeuner au port de Chauveau[2], où étaient deux ou trois maisons. On arrivait dans la Saintonge.

  1. Sa seconde femme fut Jeanne de Genouillac d’Assier.
  2. Sur la Charente.