Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/318

Cette page n’a pas encore été corrigée
304
CATHERINE DE MÉDICIS

rompu. La coexistence des deux religions semble donc toujours la loi après l’assemblée de Bayonne. Ceci avait d’ailleurs été formellement conseillé, au nom de Philippe II, par le duc d’Albe. L’homme qui est envoyé pour assurer l’ordre dans la région de Cognac, voir si tout est calme, si l’on ne prépare rien contre le roi, est Lansac ¹, un libéral, qui passait pour un hérétique, et se montrait l’ami de Jarnac 2. Lansac ne s’était pas caché pour dire à l’ambassadeur d’Espagne, lors d’une récente intervention en faveur d’un Français dont le navire avait été pris à Saint-Sébastien, et qui avait été retenu par le Saint Office comme blasphémateur, que l’Inquisition était une terrible chose. Imagine-t-on un marin qui n’eût sacré, c’est-à-dire blasphémé, disait-ill C’est vrai que l’Inquisition était odieuse aux Français, même les plus catholiques, qui voyaient dans les récents autodafés de Tolède une guerre dissimulée à notre nation quand on faisait justice des Français en Espagne. Ici, constate don Francès, tous les hérétiques brûlés à Tolède étaient représentés dans les temples et on les donnait en exemple comme des martyrs. Or Lansac, tandis que la cour, qui en avait un tel besoin, se reposait à Cognac, était chargé d’un grand nombre de missions pacificatrices. Il devra voir le prince de La Roche-sur-Yon, qui interviendra auprès de Mme de Vendôme pour qu’elle ne sorte pas de la Navarre où elle était, et auprès de Condé pour qu’il ne quitte pas la Picardie. Il avait en outre la délicate charge d’intervenir auprès de son grand ami Jarnac, gouverneur de la Rochelle, pour qu’il prêtât le serment de fidélité comme les autres chevaliers de Saint-Michel. Et Jarnac ayant fait ce que hui demandait le rci fut autorisé à conserver son collier et le gouvernement de la Rochelle. Don Francès l’observait, chagrin : les hérétiques étaient bien résolus à dissimuler, à feindre la plus stricte obéissance envers le roi.

La vie reprenait dans la cour reposée. Les conversations por1. Louis de Saint-Gelais, chambellan de Catherine de Médicis, qui alla à Rome et en Espagne ; c’est celui qu’on appelait le bonhomme Lansac ou le vieux. « L’honneur de la Saintonge », a dit de lui Joachim du Bellay, le

  • support des Muses suivant Baif. Ch. Sauzé a publié sa correspondance

politique de 1548 à 1557 dans les Arch. hist. du Poitou, 1904. 2. Le gouverneur de la Rochelle. D gitized by