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DE NÉRAC À COGNAC

envers tous. Les séditieux, les voleurs, les meurtriers opprimaient ceux qui respectaient la volonté royale manifestée dans l’édit de paix. Gouverneurs et magistrats favorisaient ces fauteurs de troubles. Depuis deux ans et demi on massacrait impunément, comme à la guerre, ceux de la religion. Les grands, adversaires des réformés, formaient des associations et des ligues, les villes chaque jour s’élevaient contre eux, le plat pays entrait dans la danse : « Et si ne voyons pas que puissions éviter la mort que par la bonté de Dieu et par nos armes… » On partit d’Angoulême le 18, afin de gagner Châteauneuf qui donna une entrée. On passa la Charente en bateau, pour aller coucher à Jarnac le z1, où Henri, duc d’Anjou, cueillera plus tard ses premiers lauriers. Ici les réformés paraissent bien insolents et glorieux à don Francès. M. de Jarnac, dans sa magnifique maison, où le roi fut deux jours, voulut s’entretenir avec les autres des affaires de la religion. Il affirmait qu’il avait toute confiance dans son roi, qui tiendrait sa promesse, que les autres gentilshommes, comme lui, étaient certains de pouvoir vivre selon l’édit d’Orléans. Le roi leur assura en effet qu’il tiendrait sa promesse. Et bien que la reine le lui cachât, don Francès était persuadé que Condé allait venir ici, dans quelques jours, avec le comte de Porcien ¹, contre la volonté du roi et de la reine. A la cour, la reine d’Écosse passait maintenant pour le démon lui-même. Le connétable, fort soucieux, continuait de flatter Catherine. Il voulait, comme toujours, sauver ses neveux ! A Jarnac, don Francès le savait, les prêches étaient fréquents, et très suivis. Le mardi 21, on repassa la Charente en bateau, pour l’entrée à Cognac où Charles IX restera onze jours. C’est le gentil Cognac, le « lieu de la naissance » de François Ier, manoir de la maison d’Angoulême, qui mire ses murailles dans les eaux du fleuve qui porte les futailles.

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C’est à Cognac, le 25 août, que le roi a fait adresser à tous les Parlements ses lettres missives ordonnant d’observer l’édit d’Orléans, et de punir ceux qui affirmaient que cet édit était 1. Antoine de Croy, prince de Porcien, fils de la comtesse de Seninghen, calviniste et bon soldat huguenot, compagnon de d’Andelot et de l’amiral. Il avait épousé Catherine de Clèves, également réformée. 2. Marie Stuart, détestée par Catherine de Médicis, et chassée par elle de France.

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