Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/315

Cette page n’a pas encore été corrigée
301
DE NÉRAC À COGNAC

de considération envers celle qu’elle nommait sa sœur, la reine de Navarre. Si elle avait consenti à ce qu’elle ne vînt pas à Bayonne, Catherine était intervenue auprès du pape pour qu’elle ne fût pas condamnée comme hérétique par l’Inquisition. Ce que la reine-mère lui reprochait, c’était de ne pas la seconder dans l’obéissance et l’ordre qu’elle voulait dans le royaume. Que Charles IX fût si mal obéi déchirait son cœur de mère et de reine ! Car il faut l’avouer, personne n’obéissait plus, en France, aux édits. Le devoir de la reine de Navarre aurait été de l’aider, elle, à trouver cette obéissance. Elle devait y tenir la main. Tels sont les sentiments que Catherine de Médicis marquait à la mère d’Henri IV, en formant des vœux pour sa santé, et l’espoir de la rencontrer bientôt, dans une compagnie qui l’aimait, et << principalement celle que savés de tout temps comme vous ha aymaye, qui est votre bonne sœur » >. Car Catherine et Jeanne avaient été des épouses malheureuses ! Le rer août on couche à Buzet, sur la hauteur, petite ville et château ; le 2, on passe la Garonne pour entrer à Tonneins. La famille royale reprend la route vers Bergerac en traversant Verteuil le 3, Lauzun le samedi 4, où s’érige un charmant château. Le dimanche on baptise la fille du sieur de Lauzun que l’on nomme Charlotte-Catherine. Le seigneur de Lauzun est Gabriel Nompar de Caumont, qui a épousé Charlotte d’Estissac. On part, quatre jours après, le mercredi 8, pour traverser la Dordogne sur un pont de bois couvert de toiles blanches ; et Charles IX fait son entrée à Bergerac, belle et bonne ville, la première du Périgord. Le 9, on déjeune et l’on couche à Laugat, petit château dans un bois. La famille royale passe encore à Mussidan, le 10 ; on traverse l’Isle pour gagner Ribérac ; on gagne le 11 Roche-Beaucourt, où l’on passe le dimanche 12. Le 13, déjeuner à la Tour Garnier, belle maison, près d’Angoulême. Le soir du 14 août, le roi va coucher à Angoulême, qui est une ville grande et belle, avec un fort château. Bien que le plus grand nombre des habitants fussent des réformés, Sansac, le gouverneur, les avait obligés à se porter à la rencontre du roi avec des croix et des bannières. Charles IX visite toutes les églises de la ville. Et dans la cathédrale, on lui fit voir la sépulture de Jean, comte d’Angoulême, son bisaïeul, auquel, il y avait trois ans, les hérétiques avaient coupé la tête, D gitized by