Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/307

Cette page n’a pas encore été corrigée
293
LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE

LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE 293 des ligues. Elle avait été fixée en 1559, au temps de l’exécution d’Anne du Bourg. La défense de la catholicité était beaucoup moins en cause qu’on l’a dit. Il fallait tirer profit des débats religieux de la France, agiter, troubler, inquiéter, faire peur, acheter les consciences et les partis, et soutenir au besoin les Anglais réformés contre les Français catholiques. La question qui intéressa vraiment l’Espagne et mérita toute son attention fut celle du soulèvement des Pays-Bas. Il était nécessaire d’empêcher la Réforme de s’y développer, car les PaysBas réformés c’étaient les Pays-Bas soulevés. Il fallait ne pas permettre une intervention huguenote des Français aux Pays-Bas, car les Pays-Bas secourus par les huguenots de France, c’étaient les Pays-Bas rattachés à la Flandre, et la Flandre Française. Il y avait lieu en fin d’interdire aux huguenots français de s’établir en Amérique, de ne pas tolérer cette menace, et pour la flotte d’or et pour les colonies qui naissaient sous la fiction de la propagation de la foi catholique. L’Espagne ne pensa qu’à la Flandre, à la préserver de l’hérésie pour y asseoir sa domination, y assurer le passage des troupes du Milanais et de Naples par la Franche-Comté. Ceci était une politique d’homme. Et Catherine de Médicis faisait une politique de femme, généreuse et humaine. On se sépara seulement sur un mot aimable, qui pouvait plaire à la reine-mère : car le duc d’Albe avait dit à l’ambassadeur, M. de Saint-Sulpice, que le duc d’Orléans était l’un des princes les plus accomplis pour son âge. Suivant Charles IX, comme il le fit dire à ses amis de Venise, on n’avait échangé que d’amicales banalités et donné le temps aux « caresses, plaisirs et bonnes chères ». Mais Philippe II, du bois de Ségovie, écrivait au pape que la reine, sa femme, avait obtenu une très secrète promesse de sa mère d’apporter un remède aux choses de la religion, prochainement et publiquement ; que sans toucher au droit divin, une assemblée civile et religieuse étudierait les moyens d’appliquer les décisions du Concile de Trente. Avant de quitter Bayonne, Charles IX visita le Boucau ur lequel on avait dressé le projet d’un nouveau port. Le hollandais Pierre Janson l’avait dessiné en peinture plate, croyant intéresser le roi Charles IX. Mais peu habitué à la lecture d’un plan, ou pour tout autre raison, le roi voulut en vérifier sur place l’utilité. Longtemps le projet sera d’ailleurs attendu.