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CATHERINE DE MÉDICIS

Alors Catherine de Médicis déclara qu’elle avait appris que le duc d’Albe était très mécontent de ce qu’on avait fait jusqu’à présent. Elle voulait qu’on en parlât au conseil devant le roi. Le connétable de Montmorency, sur un signe d’elle, prit la parole. Il remonta loin, rappelant les choses d’avant la guerre, indiquant que des gens mal intentionnés avaient répandu le bruit que Catherine de Médicis et Charles IX n’étaient plus catholiques. C’est pourquoi la reine-mère avait décidé de faire le tour de toutes ses terres pour faire apparaître la fausseté de telles assertions.. Une guerre serait fort dangereuse à présent. Bien qu’il ne pût approuver la dissimulation, que le châtiment lui parût préférable, ce que déclarait le connétable était cependant conforme à ce que le duc d’Albe avait dit lui-même à la reine-mère. Il en vint à la question de l’assemblée. Sur quoi la reine-mère reprit : Je ne suis pas assez lettrée, je ne sais pas ce que j’ai répondu au duc d’Albe.

Le mieux serait donc de réunir des prélats en petit nombre, des gens de valeur, des lettrés, certains membres du conseil, pour examiner ce qui touchait le Concile concernant les privilèges des rois de France et de l’Église gallicane. Le duc d’Albe croyait avoir senti comme un repentir de la reine-mère dans cette dernière déclaration. Il lui semblait que deux points demeuraient acquis : la tenue de l’assemblée, un châtiment (sevicia) pour les rebelles. Le duc savait que cette « gaillarde résolution » avait été confiée aussi à la Reine Catholique. Le cardinal de Sainte-Foix, envoyé par le duc d’Albe à Catherine, avait pu du moins recueillir son témoignage de constance au sujet de l’assemblée projetée. Que d’efforts pour cela, que de moyens en usage mis en œuvre par le duc d’Albe et don Manrique ! Mais le serviteur ne voulait fatiguer son noble maître. Il n’y avait plus qu’à décider le départ qui devait avoir lieu le 2 juillet. ¹ La politique espagnole devait demeurer pendant des années plus ou moins inflexible, toujours bureaucratique, jusqu’aux jours d’Henri IV, fondée sur la corruption, l’espionnage, l’entretien I. Le 29 juin, le duc d’Albe avait écrit de sa main à don Francisco Erasso, secrétaire d’État : « Les choses par ici ne vont pas bien, mais au contraire très mal….

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