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LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE

LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE 291 ne peut en sortir de bon. Pour procéder suivant la loi et la religion, on n’a pas besoin d’une pareille assemblée. Une autre assemblée ¹, rappelez-vous bien, fut à l’origine de tous les malheurs… Catherine convint que procéder de la sorte pouvait avoir ses dangers ; mais elle tiendrait la main à ce qu’aucun mal n’en sortît, le roi étant alors tout puissant. L’assemblée se conformera donc à ses instructions. Le cardinal de Lorraine portait la responsabilité des malheurs qui avaient suivi la première. Mais la nouvelle était nécessaire pour faire une déclaration, calmer les esprits des hésitants, protestants ou catholiques, les gagner tous. Enfin l’autre raison était que pour accepter les décrets du Concile, il fallait les adapter aux usages de notre pays, voir s’il n’y avait rien de contraire à l’Église gallicane et aux privilèges des rois de France.

Le duc d’Albe se montra déçu. Il pensait la liberté de conscience va sortir augmentée de la deuxième assemblée, pour le plus grand malheur du royaume. Tard dans la soirée, la reine-mère fit encore prier la Reine Catholique d’écrire à Philippe II au sujet des mariages projetés. Mais le duc le déclarait au maréchal de Bourdillon établir le duc d’Orléans ne pouvait être une condition préalable à un accord au sujet des affaires de la religion. Il ne lui paraissait même pas convenable d’en écrire à Philippe II. Soulever la question de la Floride ne lui semblait pas plus opportun, puisque l’une des flottes était déjà partie, et que l’autre ne serait prête qu’au mois d’octobre. Il fallait attendre un meilleur moment. Dans sa prudence le duc d’Albe conseilla cependant à Philippe II de ne pas rompre brusquement avec les Français. Il devait soutenir que l’alliance existait toujours entre les deux nations, qu’il était prêt à aider le Roi très Chrétien… Le 30 juin eut lieu la dernière conversation, tard dans la soirée, au fond d’une galerie, où la Reine Catholique avait mandé la reine-mère, le roi, monseigneur d’Orléans, les cardinaux de Bourbon et de Guise, Montpensier, le maréchal de Bourdillon, le duc d’Albe.

La reine Elisabeth les invita à entrer dans son cabinet, et les fit asseoir.

I. Le duc d’Albe veut parler des États d’Orléans. 2. Ces faits sont connus seulement par la lettre du duc d’Albe du 5 juillet, datée de Saint-Sébastien.