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CATHERINE DE MÉDICIS

— Je le sais, vous ne l’aimez pas. A cause de cela vous voyez en lui un mauvais homme. — Vous ne pouvez pas nier, Madame, qu’il soit huguenot. Je ne le tiens pas pour tel. — Vous êtes alors la seule personne de cette opinion dans le royaume.

La reine d’Espagne prit la parole : — Avant mon départ en Espagne, et du temps du roi Henri mon père, je savais qu’on tenait le chancelier pour un huguenot. Il est certain que tant que le chancelier sera dans cette charge, les « bons » >vivront toujours dans la crainte, les mauvais » trouveront toujours en lui aide et réconfort. Il est nécessaire de le renvoyer quelque temps dans sa maison. Alors on verra que les choses iront beaucoup mieux… Le duc d’Albe reprit : Sa Majesté veut savoir si vous, et le Roi très Chrétien, êtes vraiment décidés à donner un remède aux affaires de la religion. Le Roi Catholique a besoin d’en être informé pour régler sa propre conduite. Il veut savoir s’il doit compter avec vous, ou sur lui seul. Voilà la raison de la venue de la reine d’Espagne à Bayonne : obtenir une réponse nette à cette question. — Je vous ai déjà dit ce que je compte faire… La reine d’Espagne reprit : Pourquoi ne fait-on pas observer le Concile et ses décrets ? 1 Dans son intervention, la Reine Catholique montrait une ardeur, une prudence et une force qui faisaient l’admiration du duc d’Albe.

— La reine-mère répliqua : Le roi d’Espagne, lui non plus, n’a pas accepté ces décrets… — Si, répondait Élisabeth, sans aucune exception. Mais le royaume de France, alléguait Catherine, est tout différent. Je pense réunir une assemblée de prélats et de bonnes gens pour préciser tous les détails omis par le Concile, ce qui est nécessaire pour calmer les inquiétudes et les consciences de beaucoup de mes sujets. Ainsi on arrivera à vivre ici tous sous une seule loi.

Le duc d’Albe se fâcha : Je m’étonne d’entendre parler d’une telle assemblée. Rien 1. Le Concile de Trente, naturellement. 2. C’est l’assemblée de Moulins dont il sera question plus loin. —

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