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LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE

LES RÉSULTATS D’UNE GRANDE ENTREVUE 289 tête, il était impossible de la raisonner. Et la paix du monde paraissait mériter quelques sacrifices aux convenances personnelles ! Sa

fille Élisabeth ne pouvait répondre qu’évasivement : jamais le roi, son mari, ne consentirait, suivant elle, au sacrifice d’un état. Quant au duc d’Albe, il s’opposa formellement aux mariages. Tels étaient les propos qu’ils échangèrent, dans une petite chambre, où l’on entendait tout, au milieu des gens qui se pressaient autour d’eux, en se préparant à une autre fête. Écrire au sujet des mariages à Philippe II paraissait peu sérieux au duc d’Albe. Mais la reine-mère n’était pas femme à se laisser aller au découragement. Elle reprit la conversation dans la chambre même de la reine d’Espagne. La reine-mère avait envoyé chercher le duc d’Albe. Ils parlèrent à l’écart, cette fois, dans une galerie. La conversation reprit au sujet de ces mariages. — Il est nécessaire, dit Catherine, de dissiper les ombres apparues sur nos relations.

— Sa Majesté est loin. Ce n’est pas le moment de soulever cette question. S’il s’agissait cependant du mariage du roi votre fils, on pourrait le traiter. — Mais j’ai cependant des fils et des filles à caser, et Sa Majesté a un fils, une sceur, des neveux et des nièces. On doit écrire au roi d’Espagne…

La Reine Catholique répondit que cela prendrait bien du temps. Le duc d’Albe aborda la seule question qui offrait de l’intérêt à ses yeux, celle de la religion. Ici Catherine se montra très froide, comme si elle n’avait jamais entendu parler de cela. Le projet des mariages l’intéressait seulement. Par ce moyen, ce qu’elle pensait, comme elle avait réussi à le persuader à certains catholiques, on pourrait arranger les choses de la religion. Elle insista auprès du duc d’Albe, déclarant qu’après les unions elle pourrait seulement faire une « bonne justice ». Mais, Madame, je vous vois encore plus faible pour le châtiment des hérétiques que l’autre fois. Je ne crois pas que vous puissiez faire cette bonne justice. Vous n’en avez pas les moyens. C’est tout à fait impossible de remédier au mal avec le chancelier ¹. I. Michel de l’Hospital, comme on l’a vu.