Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/302

Cette page n’a pas encore été corrigée
288
CATHERINE DE MÉDICIS

D’UNE GRANDE ENTREVUE L ES jours franco-espagnols de Bayonne n’ont pas seulement été donnés aux fêtes, aux festins, aux comédies par Catherine de Médicis. Charles IX accueille de son côté tous les Espagnols ; mais il reçoit aussi une ambassade de Turcs qui lui demandent un port de mer en Provence, afin d’abriter leur flotte au cas où l’île de Malte ne tomberait pas en leur pouvoir. Ce que Catherine de Médicis a voulu, c’est surprendre les Espagnols si remplis de morgue, leur montrer que la France n’était pas ruinée, et qu’elle pouvait encore donner des fêtes. Elle eût voulu, dans son rêve, rapprocher l’Espagne et la France, dont l’alliance aurait imposé la loi à l’Univers. Catherine savait, en effet, qu’elles étaient les nations alors les plus fortes. Et dans son étonnant optimisme, elle estimait qu’il était possible de s’accorder, même au sujet de la religion. Cela, la reine-mère l’avait déclaré, lors des dernières conférences avec sa fille et le duc d’Albe ¹. Dans sa famille, Catherine ne craignait pas de trouver les objets de ces alliances : on marierait Marguerite de Valois, une enfant, avec don Carlos, le dément et le monstrueux démon ; et Henri d’Orléans avec dona Juana, reine-mère de Portugal, et la sceur de Philippe III Henri n’avait cependant que quatorze ans, et celle qu’on lui destinait pour épouse était une douairière. Au besoin, on trouverait un royaume pour Henri, dans le Milanais par exemple, ou bien dans la Toscane dont on chasserait le duc, coupable d’intelligence avec le Turc !

Mais quand Catherine avait pour les siens une chimère en 1. Lettres du 29 juin. D gitized by