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LE PROJET D’UNE LIGUE

L Es fêtes reprirent. La plus agréable sans doute pour les Espagnols fut la Fête-Dieu, où le duc d’Albe remit la Toison d’or à Charles IX (21 juin) : et il suivit la procession solennelle, chapeau bas, comme tous ceux de sa suite. Le samedi 23 eut lieu le souper dans une île de l’Adour. La reine-mère y avait fait dresser une maison à l’aide de branchages ; et tous les assistants y parurent costumés en bergers ou en bergères. Après le souper, on monta en barque pour admirer les feux de la Saint-Jean illuminant le gave. Le long de la rivière cheminait un cortège de dauphins, de baleines, de tortues et de sirènes, éclairés des feux d’artifice. Les dieux marins chantaient autour de leurs Majestés. Au bal, les Poitevins soufflèrent dans leur cornemuse. Les Provençales voltèrent au son des cymbales ; Bourguignonnes et Champenoises jouèrent de leurs petits hautbois et tambours de village ; et les Bretonnes dansèrent leur passe-pied et branle-gai. Après le festin, on vit se loger dans l’antre d’un rocher illuminé une grande troupe de satyres musiciens qui allaient rejoindre, pour danser, des nymphes étincelantes sous la lumière. Mais l’orage éclata dans la nuit, portant partout la confusion, amenant la retraite, ce qui provoqua tant de rires joyeux ! Il était bien deux heures de la nuit quand chacun regagna son logis.

Le 25, le tournoi s’ouvrait sur le grand champ de Bayonne. Le duc d’Orléans y joua son rôle qui dut bien l’intéresser, car il se déroula sur le thème d’un combat allégorique entre l’Amour et la Vertu. Dames et demoiselles contemplèrent, assises sur des estrades, le vieux thème, toujours jeune, toujours plaisant.


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