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CATHERINE DE MÉDICIS

Pouvez-vous me dire si, depuis la publication de l’édit qui accorde aux dissidents une si grande tolérance, vous avez perdu ou gagné du terrain ?

284 On en a gagné considérablement. Alors le duc d’Albe tenta de lui démontrer, preuves en main, qu’elle lui mentait, ou se trompait elle-même d’une manière fort grave ; que la tolérance faisait perdre chaque jour du terrain. La reine-mère l’arrêta : Voulez-vous me dire qu’il faille recourir aux armes ? —

Je n’en vois pas actuellement la nécessité. Le plan auquel s’arrête Sa Majesté Catholique, c’est de faire expulser de France cette mauvaise secte. Catherine chercha une diversion, suggérant que Philippe II pouvait conclure avec l’Empereur une ligue au moyen de laquelle on ferait la loi au reste de l’Univers. Le duc d’Albe se borna à lui montrer les inconvénients d’une telle alliance.

Le seul résultat fut qu’on reprendrait la conversation ¹. Dès le 21 juin, le duc d’Albe et don Juan Manrique s’étaient rendu compte de l’échec, on peut le dire, de la conférence de Bayonne. Ils l’écrivaient à Philippe II. Il y avait peu d’espérance d’obtenir une déclaration de Catherine de Médicis. Ils comprenaient qu’ils devaient se renseigner surtout sur l’état des affaires de la religion, sur les remèdes que certains Français voulaient y appliquer pour les remettre en ordre. Tout ce qu’ils pouvaient faire, eux, c’était de démontrer aux sujets catholiques du roi de France que la religion serait maintenue, défendue par le roi d’Espagne, de les faire réfléchir sur l’avenir qui les attendait. C’est tout le projet de la ligue. 1. La reine-mère parla des projets au connètable et au cardinal de Bourbon. Philippe II, qui numérotait les lettres du duc d’Albe, voulait prolonger un contact direct. Il s’en montra mécontent, écrivant de sa main : « Cela ne me plaît pas. Le connétable ne marche pas d’un bon pied, comme on le soupçonne. Ce n’est pas un bon moyen. D gitized by