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LE PROJET D’UNE LIGUE

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la faction, de se saisir de leur personne, de leur couper la tête, ou de les mettre dans l’impossibilité de nuire. Tout serait consommé dès le jour même où l’on aurait mis la main à l’œuvre. » On reconnaît, dans cette déclaration importante, le thème futur de la Saint-Barthélémy, qui n’est ni un projet de l’Espagne, ni un projet de la reine-mère, mais celui de quelques exaltés de la faction catholique. Catherine de Médicis se taisait. Elle gardait un silence absolu. Le duc d’Albe en était à ce point déconcerté qu’il pria la reine d’Espagne de dire à sa mère que son mari l’avait chargée de recueillir de sa bouche la communication secrète qu’elle avait annoncé devoir faire. Elisabeth s’acquitta parfaitement de cet office. Mais toutes les confidences de Catherine de Médicis à sa fille se limitaient à des plaintes contre le Roi Catholique. Élisabeth répondit qu’elle n’avait même pas le moindre soupçon d’une cause quelconque de méfiance. La reine-mère se borna à répondre à son enfant qu’elle était devenue bien espagnole. Élisabeth répondit : « Je le suis, effectivement, sans cesser d’être votre fille » >.

Le duc d’Albe terminait ce rapport quand la reine-mère l’envoya chercher. On fit sortir tout le monde. Et Catherine exprima au duc le plaisir que lui causait l’arrivée de sa fille. Elle lui formula trois griefs : 1° qu’on n’avait point achevé en Flandres l’affaire de Lumes 1, 2° au sujet des démarches du comte Jean Anquisola et de Molina auprès des Suisses, 30 relativement à la préséance de Rome.

Le duc d’Albe comprit que Catherine voulait débuter par des choses peu importantes. La reine-mère reprit : Vous désirez que nous passions aux affaires de la religion ? » Le duc d’Albe en discuta longuement. Il s’attacha à prouver que son gouvernement ne pouvait pas ne pas insister pour qu’elle apportât aux maux de la religion le remède le plus efficace. Il développa sa proposition. Catherine demanda : Quel est ce remède ? pensant que le duc d’Albe commencerait par parler d’abord des armes. Je m’en remets à vous, car vous connaissez mieux que moi votre royaume.

II ajouta : 1. Terre enclavée dans les Flandres. —

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