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CATHERINE DE MÉDICIS

pas envie de ruiner mon royaume, ainsi qu’on avait commencé de le faire dans les luttes précédentes ! Ces mots avaient suffi au duc d’Albe pour lui révéler la leçon qu’on avait apprise au roi. Le duc aborda alors le prince de La Roche-sur-Yon, s’attaquant à sa vanité, lui disant que parmi les gouverneurs de province, il passait pour celui qui savait le mieux contenir le peuple dans l’obéissance. Le prince répondit que les voies de conciliation et de douceur étaient celles qu’il employait de préférence. Cette réponse cadrait avec celle du roi. Le duc d’Alpe était fixé.

Ces gens-là récitaient une leçon. Il n’y avait à faire aucun fond sur eux.

Catherine tentait du moins de rassurer le roi d’Espagne. Car on peut imaginer que c’est à sa requête qu’Antonio Pecce écrivit à don Gonzalo Perez un éloge fort senti de la reine-mère qui s’était gouvernée si prudemment depuis la mort de Henri II, et lors des derniers troubles avec les huguenots. La reine avait pris une bonne décision de pacifier le royaume, de diviser les huguenots. Elle était aujourd’hui la maîtresse absolue ; et la France, qui avait connu des troubles, était entrée dans une période de calme. La reine montrait un esprit de décision, de rapidité, des dis positions magnanimes : « Moi qui ai vu beaucoup de personnes, et conduit bien des négociations, je dis que la reine de France est plus ferme et stable que ne sont les hommes d’ici. Elle veut débarrasser le royaume de l’hérésie, et le maintenir en paix, pour pouvoir payer les dettes de son pays. Le roi de France se montre obéissant envers elle ; il lui reprendra pas de sitôt le gouvernement, peut-être jamais. » > Don Francès, confirmait, lui, les informations, et le point de vue du duc d’Albe. Tous les huguenots notables se montraient inquiets. Ils étaient persuadés que, durant les entrevues, il serait question de leur châtiment, et que le roi d’Espagne avait promis son aide au roi de France. La reine, certes, était bien heureuse de revoir sa fille, mais elle demeurait dans un grand embarras. Le connétable de Montmorency se montrait à ce point affaibli que Français et étrangers le remarquaient. Quant au prince de La Roche-sur-Yon, il venait d’avoir une défaillance en entendant la messe le dimanche à la cathédrale. Et déjà le parti catholique relevait la tête, se trouvant tout D gitized by