Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/293

Cette page n’a pas encore été corrigée
279
AU DEVANT DE LA REINE CATHOLIQUE

D ÉJA le duc d’Albe avait présenté au connétable, au cardinal de Bourbon, et au prince de La Roche-sur-Yon, les compliments dont il était chargé. A M. de Montpensier, il donna l’assurance des sentiments affectueux unissant le Roi Catholique à sa famille. Et Montpensier se jeta dans ses bras avec effusion, affirmant que lui et les gens du royaume n’avaient d’espoir qu’en Sa Majesté, M. de Monluc s’approcha du duc d’Albe. Mais le noble hidalgo étant informé de la vanité du personnage, il lui sembla que le meilleur moyen d’entrer en matière serait de le prendre par son faible. L’embrassant, le duc d’Albe dit à l’oreille de Monluc : « Ce mouvement que vous voyez ici, ces princes qui se trouvent réunis avec tant de bonheur, tout cela, Monsieur, c’est votre ceuvre ». Le duc ajouta que Sa Majesté lui avait demandé de se concerter avec lui sur les mesures à prendre pour remédier aux malheurs de la religion et rendre au roi de France l’autorité, en recevant ses conseils sur le genre d’initiatives à prendre et sur la conduite à tenir ici à ce sujet. Monluc fut saisi d’un tel accès de vanité, entendant ce discours, qu’il dévoila, sans façon, sa pensée constamment mise en pratique dans les affaires de religion. Immédiatement après, le duc d’Albe s’approcha du roi, dans l’intention de le sonder sur les principes qu’on lui avait inculqués. Le duc débuta par des propos sans conséquence sur la chasse, les armes. Et la conversation tomba sur l’état actuel de son royaume et la guerre possible. Charles IX s’écria aussitôt : — Oh ! pour prendre les armes, il n’y faut pas songer. Je n’ai