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AU DEVANT DE LA REINE CATHOLIQUE

C’est là que la Reine Catholique, Élisabeth de France, retrouva la comtesse de Tende, qu’elle aimait beaucoup, car elles avaient

été élevées ensemble, bien que la comtesse fût plus âgée qu’elle. Il faut savoir que la femme d’Honorat de Savoie, comte de Tende, gouverneur de Provence, était Claire Strozzi, fille de Pierre Strozzi le maréchal de France et de Laudamia de Mé dicis.

Et bien tard les deux compagnes restèrent ensemble, jusqu’à la collation. Le duc d’Orléans leur annonçait qu’on pourrait

continuer la route. Mais Élisabeth se sentait fatiguée, faisait pu blier son départ pour le lendemain, car elle était décoiffée. C’est pourquoi on ne partit d’Irun que le ro à midi.

La Reine Catholique descend du village, accompagnée de trois cents archers à cheval, de la garde du roi son mari, et de fantassins qui se déployaient le long de la rivière, là où l’atten daient le roi son frère et la reine sa mère.

Les soldats français déchargent leurs armes en l’honneur des

Espagnols. Et Charles, dès qu’il aperçoit sa sæur, monte sur un ponton pour la recevoir au milieu de la rivière. Les Espagnols, de leur côté, s’avançaient sur plusieurs chalands réunis par un plancher.

Élisabeth a vingt ans. Comme son frère, elle est frêle et mala dive. Et Charles l’embrassa tendrement.

On accosta au rivage. Et tous allaient se mettre à l’ombre et se reposer pendant une heure sous la feuillée, tandis que tam bourins, trompettes et hautbois donnaient un concert.

Après quoi, le roi fait présenter à sa sœur la superbe haquenée blanche, choisie à l’écurie des Tournelles, et dont le harnache

ment était merveilleux. Tous gagnent Saint-Jean —de-Luz. Dans le cortège on remarque le duc d’Albe, porteur de la Toison d’or qu’il doit remettre de la part du roi son maître au roi de France ;

le duc d’Ossuna, de Jaszar, le comte de Benavente, l’archevêque de Pampelune, ainsi que la comtesse d’Urena qui avait la charge

de verser à boire à la reine d’Espagne, car ellen’était servie que par des dames espagnoles. La petite Marguerite, à Saint-Jean —de-Luz, attendait sa sœur

sur le pas de la porte de son logis. On soupa en famille, la reine mère entourée de ses enfants. Mais Catherine de Médicis fit placer à sa droite la reine d’Espagne rougissante de cet honneur. Enfin, elle voyait cette fille, qu’elle avait adorée, conseillée, celle-là qui