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CATHERINE DE MÉDICIS

que les nombreuses exécutions ne sont dues ni à la sévérité, ni à la cruauté du duc d’Albe, mais proviennent des ordres exprès de Sa Majesté. » >

Les lettres du duc sont pleines en effet de protestations de sacrifices et de soumission pour Philippe II. C’est encore pour se sacrifier, à la place de son maître, prendre une responsabilité que le duc d’Albe avait accepté de venir dans la France impure. A l’approche d’un tel personnage, il convient de montrer son orthodoxie. Catherine, qui veut surtout réussir, entre dans les vues de don Francès, lui disant que Condé avait été éloigné sous le prétexte de visiter les frontières de la Picardie, où il menait grand bruit, changeant les garnisons, à ce point qu’il pourrait donner des inquiétudes à la duchesse de Parme. Le renseignement ne pouvait être perdu ni par le Roi Catholique, ni par la régente des Pays-Bas, sa sœur. Le cardinal de Bourbon venait, lui, déclarer à don Francès que le petit prince de Béarn lui avait dit que si sa mère ne le menaçait pas de le déshériter, il irait de bon cœur à la messe et se rendrait même en Espagne pour assurer le Roi Catholique de son obéissance, pour lui baiser les mains. Le connétable, qui souffrait toujours de la goutte, témoignait qu’il avait le plus grand désir du monde de baiser, lui aussi, les mains du Roi Catholique, traduisant la confiance qu’il avait que le bien de la religion serait rétabli. Anne de Montmorency était disposé, lui aussi, à se rendre à Madrid, mais naturellement, en carrosse. Damville et Monluc assuraient à Philippe qu’ils étaient toujours prêts à mourir pour le service de Dieu. Ils s’étaient réconciliés, se tendant la main. La reine-mère elle-même montrait à don Francès une plus grande faveur, l’assurant que la foi catholique serait entièrement rétablie après l’entrevue. C’était bien l’opinion de M. de Montpensier, l’homme le plus clairvoyant. Mais il allait plus loin encore : « Si à Bayonne, on ne prend pas la résolution de chasser les hérétiques de France, moi je prendrai la croix avec l’aide du Roi Catholique. Je puis rassembler jusqu’à huit cent gentilshommes. Si le Roi Catholique m’en donne licence, j’irai demeurer dans une ville qu’il m’indiquera avec mes enfants qui sont des catholiques. » Don Francès ajoutait en aparté pour Philippe que bon nombre de gentilshommes, liés par un serment, pensaient ici comme D gitized by


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