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BAYONNE

marier. Mais elle pensait que dans ces conjonctures le Roi Catholique ne pourrait pas favoriser la reine d’Écosse pour ne pas offenser le roi de France. L’éloignement du Roi Catholique ne pouvait que permettre d’organiser une révolte dans les Flandres. Les princes protestants d’Allemagne feraient de même, avec la complicité de l’Empereur. Déjà Philippe de Reiffenberg était auprès du prince d’Orange et conseillait les gens de Flandres. Dans tous les cas, estimait don Francès, cette situation d’attente et d’équilibre ne pouvait se prolonger. Dans leurs conversations, ceux qui parlaient des choses de la religion le déclaraient : « Il faut que cela soit arrangé d’une façon, soit catholique, soit huguenote. >>

Ce qui inquiétait davantage don Francès était la nouvelle qu’une flotte venait de partir de Normandie vers la Floride, comprenant quatre navires bien armés ; d’autres devaient guetter les navires espagnols à leur retour des Indes. Entre temps, l’ambassadeur turc approchait, et l’on préparait son logement à quatre lieues de Bayonne. Il amenait avec lui cent cinquante Turcs et autant de chevau-légers du baron de Lagarde. Horreur ! A Toulouse, on l’avait logé chez le cardinal d’Armagnac. L’objet de l’ambassade était connu de don Francès. Il s’agissait d’obtenir l’ouverture des ports de Marseille et de Toulon, de ravitailler le Turc si la flotte passait l’hiver dans ces parages.

En son optimisme, Catherine pensait toujours que Philippe II se rendrait à l’entrevue. Don Francès la tira de ce doute. Le roi d’Espagne était bien en route, mais pour Madrid. La raison du retour du roi d’Espagne à Madrid, nous la connaissons par une lettre datée de l’Escurial, le 2 juin, adressée à don Francès. Il voulait avertir lui-même le conseil des Indes que la flotte française se préparait à partir pour la Floride. Suivant ses informateurs et le rapport de Gabriel de Envexa, on ne pouvait mettre en doute que l’expédition se faisait sur les ordres de la reine-mère, ce qui l’avait pourtant surpris. Philippe II demandait à don Francès de présenter à Catherine de Méaicis des observations à ce sujet :

<< Vous direz à la reine que je suis au courant qu’à Dieppe on a armé les navires, qu’on a mis là cinq cents soldats avec des munitions prêts à partir pour la Floride, que tout cela est fait par son D gitized by