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CATHERINE DE MÉDICIS

Ce sont les fruits de Sibelle féconde, Qui aujourd’hui ne trouve sa seconde, Ce sont rameaux vigoreux et puissans, Ce sont fleurons en vertus verdissans : Royne sans pair, de grâce décorée, Vous surmontez Pallas et Citharée ! Henri, duc d’Orléans, part en poste, le samedi 9 juin, pour aller au devant de sa sœur, la reine d’Espagne que le duc d’Albe conduisait, et qui se montrait si émue à l’idée de revoir sa mère. Le roi et la reine l’accompagnent jusqu’à un quart de lieue de la ville.

Monluc, gouverneur de la Guyenne, était naturellement à Bayonne. Il bavardait, à son habitude, se plaignant de l’échange de son logement au profit de don Francès. Il faut dire qu’à Bayonne on montra beaucoup de faveur à M. de Monluc. A l’entrée, on l’avait vu mettre un genou en terre, devant le roi et la reine et leur baiser la main à la mode d’Espagne, les assurant de sa fidélité constante. Monluc racontait que la reine l’avait appelé dans sa chambre et lui avait dit : « Nous avons décidé d’aller à Paris aussitôt après l’entrevue ; nous vous laisserons comme maître absolu dans la Guyenne avec l’ordre a’obliger tout le monde à aller à la messe, et en cas de désobéissance vous pourrez détruire les rebelles par les armes ! » Monluc se montrait aussi ami que possible de Damville, en qui cependant il avait vu un rival. L’ambassadeur d’Espagne l’écoutait, non sans hausser les épaules, dire le plus grand bien de la reine-mère, qu’il avait tant de fois décriée. Les propos de Monluc n’avaient pas à ses yeux grande importance : il le tenait pour un homme si léger En attendant la venue de la Reine Catholique on continuait à s’entretenir du mariage de Charles IX avec Elisabeth, la reine d’Angleterre. Les Français y montraient beaucoup de zèle. En grand secret, on déclarait que ce projet était dans l’intérêt des deux parties, ce qui n’engageait personne, car le roi paraissait à don Francès bien jeune et faible ; mais il observait aussi que cette négociation permettait aux Français d’afficher une grande amitié avec les Anglais, afin de susciter des ennemis au roi d’Espagne et de l’empêcher de venir en Flandres, ce qu’ils craignaient le plus. Ces projets matrimoniaux semblaient, eux aussi, fort agréables à la reine Élisabeth, qui n’entendait nullement cependant se D gitized by