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CATHERINE DE MÉDICIS

s’en informer vraiment. Je ne pouvais pas croire que Sa Majesté s’en serait scandalisée. — Comment le Roi Catholique n’en serait-il pas scandalisé, mon maître, la reine ma dame et toute la Chrétienté, lorsque vous écoutez l’ambassadeur du Turc, chef des infidèles, l’ennemi de Sa Majesté, qui se prépare peut-être à l’attaquer avec sa flotte qui vient chercher ici de l’aide et des munitions, des ports de ravitaillement. —

Des ports, des munitions, ils n’en auront pas chez nous !… Mais que voulez-vous donc ? Que nous fassions la guerre aux Turcs ? Ignorez-vous qu’il a été conclu une alliance avec eux ? Oui, je le sais, c’est lorsque l’Empereur et le roi mon maître faisaient la guerre aux rois François et Henri. Mais avouez que ces deux rois n’avaient pas une telle alliance ni telle amitié qu’on observe à présent entre nous. Et non seulement le roi mon maître peut bien s’en scandaliser, mais toute la Chrétientél Quant à moi, j’en suis bouleversé jusqu’aux entraillest Per

Vous verrez bientôt le bien que je désire à votre maître. Je ne pensais le révéler qu’à lui seul, mais enfin puisque vous m’apparaissez si retourné, je vous dirai que notre dessein principal est de pouvoir nous débarrasser de toutes ces alliances et pratiques avec le Turc, et de nous lier entièrement avec le roi votre maître contre tous les ennemis. Ce qui ne nous paraît pas très difficile… Il en sera ainsi. Ce Turc, on va le renvoyer le plus tôt possible pour satisfaire le roi et la reine, mes enfants ¹… L’ambassadeur, en prenant congé lui demanda s’il lui plaisait qu’il en parlât au roi de France. Charles IX qui avait déjà été préparé par le secrétaire Bourdin déclara, comme si la chose lui venait naturellement, ne pas savoir qui était ce Turc, et qu’on allait procéder dans cette affaire de manière à satisfaire à Dieu, et à complaire à Sa Majesté… Comme don Francès écrivait à Philippe II la lettre qui nous donne ces renseignements, Lansac, qui avait la plus charmante confiance de Catherine de Médicis, entra dans la maison de l’ambassadeur. Il lui dit que la reine était bien ennuyée de la conversation qu’ils avaient eue. Il ajouta : — Je vous dirai une seule chose, et de ma part, que les princes 1. Il s’agit de sa fille et de son gendre, Elisabeth et Philippe II. 2. M. de Saint-Gelais. D gitized by