Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/276

Cette page n’a pas encore été corrigée
262
CATHERINE DE MÉDICIS

UNE SAINTE ENTREVUE. L’ENVOYÉ DE SATAN ATHERINE de Médicis n’avait pu se retenir de se porter à Bayonne afin de surveiller les préparatifs de la réception. Don Francès la vit, non sans surprise, tomber dans la maison où il résidait depuis quarante jours, attendant les événements, mais sans avoir jamais reçu de ses nouvelles, ce qui lui semblait vraiment notable. C²

Or la reine s’était présentée sous un déguisement, le 30 mai, sans même le prévenir ! Elle lui avait déclaré, au surplus, qu’elle avait besoin de sa maison pour donner le soir une représentation théâtrale ! Le vicomte d’Orthe, gouverneur de Bayonne, attirait bien son attention sur l’état misérable de cette maison, dont les murs menaçaient de s’écrouler. Mais Catherine en parla elle-même au conseil de la ville de Bayonne, et l’on fit étayer les murs de cette demeure avec des barres de fer. La reine-mère décidait de son chef d’attribuer un autre logement à l’ambassadeur, dans la maison de Monluc.

Le 31, jour de l’Ascension, on vit Catherine entendre la messe du matin dans la cathédrale de Bayonne. Don Francès envoya vers elle pour lui faire dire qu’il avait besoin de lui parler. Et la reine-mère le reçut aussitôt d’un air troublé : — Quel est l’objet de votre visite ? — Madame, je vous remercie d’abord, ainsi que le roi. Je suis bien satisfait que vous ayez changé mon logement, car j’ai su que l’ancien était destiné à servir aux récréations du roi. Catherine fit semblant de se réjouir avec lui de ces paroles, alors que don Francè sétait dans le fond irrité. Ces aimables banalités préludaient à une attaque sérieuse.