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CATHERINE DE MÉDICIS

Charles IX et de la reine Elisabeth d’Angleterre. L’ambassadeur comprenait bien que la reine d’Angleterre et monseigneur Robert¹ se moquaient de toute cette négociation, ainsi que son conseil. L’ambassadeur d’Angleterre, qui avait trop bu, accompagnant un de ses amis français, s’était laissé allé à dire que la reine d’Angleterre avait des raisons d’être mécontente de Sa Majesté le Roi Catholique, et qu’à l’occasion elle le montrerait… A Paris, tout semblait calmé. Et le roi avait trouvé le loisir à Bordeaux d’apprendre à danser, ce qu’il avait fait avec beaucoup d’application et d’une manière fort secrète, ordonnant à tout le monde de sortir de sa chambre. Mais on découvrit, derrière un rideau, M. de Méru, qui s’était caché ; et le roi était entré dans une de ses colères qui n’appartenaient qu’à lui. Or, Méru, fils du connétable, s’imaginait que c’était M. de Guise qui avait dénoncé sa ruse. Glorieux à son habitude, il alla le trouver, tandis qu’il bavardait avec monseigneur d’Orléans. La conversation avait pris un tour très vif : Croyez-le bien, si c’était une autre personne que le roi qui m’ait fait sortir, je lui aurais planté mon poignard dans la poitrinel dit M. de Méru.

— Henri, le jeune duc d’Orléans, ne laissa pas cette insolence sans réplique :

— Et moi, j’aurais fait jeter Méru par la fenêtre ! Guise abonda dans le même sens : Si Méru, en ce disant, a fait une allusion à mon sujet, je le ferai châtier comme il le méritel — —.

Le connétable, entendant ces menaces adressées à son fils, levait les bras au ciel, disant qu’il voulait, lui, retourner dans sa maison de Chantilly. Mais bientôt il se calma. Et le connétable gagna, comme les autres, Bayonne. Le 3 mai on s’arrêtait pour déjeuner à la maison de Montplaisir, et l’on couchait au château de Castres. Le lendemain, on fut à Langon sur les bords de la Garonne, qui mire son clocher dans ses 1. On sait qu’il s’agit du célèbre Robert Dudley, qui sera fait comte de Leicester. Agé alors d’un peu plus de trente ans, le grand écuyer, membre du Conseil privé, était le chevalier servant d’Elisabeth, et aspirait à l’épouser. Ce que lord Cecil empêcha seulement. Tel était l’ascendant de Dudley qu’il avait seul osé annoncer à Elisabeth, en 1562, la perte de Rouen. 2. Charles de Montmorency, quatrième fils du connétable, qui devint colonel de Suisses et amiral. Il avait alors trente-sept ans. D gitized by