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CATHERINE DE MÉDICIS

période on vit le roi et la reine-mère assister aux services, ce qui fut d’un très bon exemple pour le peuple, comme l’observa don Francès. Le 19 avril, Charles et sa mère avaient visité douze ou quinze églises, montrant toujours grande dévotion et bon esprit. On remarquait que le roi remettait lui-même les aumônes aux pauvres, ce qui réjouissait les catholiques. Et Cipierre était venu dire à l’ambassadeur d’Espagne : « Vous verrez prochainement la décision prise par la reine ; avec l’aide de Dieu et du Roi Catholique, les affaires de la religion seront bientôt arrangées dans le royaume. >> Le jour de Pâques (22 avril), le roi et la reine-mère communièrent dans la cathédrale, la vaste église Saint-André, proche de l’Archevêché, où habitait le roi, et du château du Hâ, demeure et forteresse du gouverneur. La veille de la fête de saint Georges, Charles IX avait prié l’ambassadeur d’Espagne de se trouver à l’église le soir, et le lendemain matin à la messe, car on ne lui avait pas parlé depuis le jour de l’entrée.

La reine lui fit dire qu’elle l’attendait dans un jardin. — J’ai très bien compris que vous étiez mécontent de moi ! Charles, arrivant, en demanda les raisons. Don Francès développa toutes les injustices commises sur les sujets du roi d’Espagne détenus en France. Nous ferons ce qu’il faudra. La conversation vint ensuite sur la religion : — Je vous parle, dit la reine, avec ma confiance habituelle. J’espère bien en finir avec les ministres, car ils ont rompu plusieurs fois l’édit d’Orléans, en faisant des assemblées et des synodes. Pour cela, ils doivent être châtiés… — Ce n’est pas la première fois, Madame, que j’entends vos bonnes intentions. Mais jamais je ne vois un résultat, aussi n’est-il pas étonnant que je conserve mes doutes. Catherine de Médicis joua la surprise : — Vous me tenez donc pour une femme ? Vous croyez qu’on me fera revenir sur ce que j’ai dit ? ( — Oui, Madame, celui qui vous a fait revenir à Lyon pourra le faire aussi dans deux mois ! — A Lyon, la peste m’a empêché de poursuivre ma décision. — Qui, on peut très bien appeler cela la peste. Car n’ayant pas achevé votre ceuvre, vous avez laissé se damner tant d’âmes