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CATHERINE DE MÉDICIS

tice ; le roy vous l’a bailliée en garde. Gardez-la, à la descharge de sa conscience. Ne craignez rien, car Dieu et le roy vous maintiendront : et quand l’on vous verra forts, et non point lasches, aulcun ne vous osera assaillir ; et si vous faites, Messieurs, ce que le roy vous a commandé, oultre la récompense que vous attendez de Dieu, le roy vous récompensera. Si vous faictes aultrement, vous aurez à crier : Templum domini 1, car tout se ruynera. Je serois marry que cela advînt ; car je suis de vostre corps… >> Ainsi, dans sa simplicité, parla magnifiquement Michel de L’Hospital.

Le premier président, Lagebaston, prononça, lui aussi, une longue harangue sur l’autorité de la justice. Alors on ouvrit au public les portes de la salle et le chancelier fit appeler la première cause que le roi pria de mettre en délibéré… Après quoi l’on s’en fut à la comédie que donnèrent les écoliers du collège de Guyenne. C’était là le triomphe de la savante maison de Gouvéa, que détesta Montaigne. On y récitait des tragédies de Muret, et d’autres, qu’il joua étant écolier ; certains drames de Buchanan, sa Médée, et d’autres encore de Guérente… La seconde harangue du premier président avait eu, comme la première, l’effet d’exaspérer don Francès. Car Lagebaston avait, selon lui, développé tous ces points, la reine ayant toléré son premier discours. Cela ne pouvait que donner cœur aux hérétiques.

Ainsi, lorsque Charles IX se rendit à Saint-François, les huguenots étaient venus lui demander la permission d’y construire un temple. La reine-mère leur répondit qu’ils perdaient leur temps, car il y avait là une église qui resterait celle de l’ancienne religion. Mais elle prit leur pétition, disant qu’on leur ferait réponse.

Catherine de Médicis, souriante, n’était pas dupe de la comédie jouée par don Francès, plus intéressante sans doute que la représentation du collège. L’ambassadeur connaissait le mot à son sujet, qu’elle avait dit au cardinal de Bourbon, mot que s’était empressé de lui répéter le cardinal de Guise : — Don Francès ne veut plus me parler, parce que je n’ai pas fait pendre le premier président ! 1. Allusion à la déploration de Jérémie, 7-8. 2. Dit aussi le Couvent des Cordeliers, près de la muraille. D gitized by