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CATHERINE DE MÉDICIS

Durant cet entretien le « bon nonce », c’est-à-dire le nonce bien disposé, était venu demander à l’ambassadeur ce qu’il pensait de la harangue. Don Francès lui répondit qu’un vrai catholique ne pouvait se réjouir des paroles que le président avait dites au sujet du pape.

Il faut reconnaître que ce qui intéressait justement Catherine, n’étaient ni les controverses doctrinales entre parlementaires et religieux, ni même le grand débat de conscience qui avait manqué de provoquer en Guyenne une révolution, et y avait laissé la guerre entre les villes et entre les citoyens. Sa pensée demeurait à l’entrevue de Bayonne, suivait les déplacements de sa fille à travers l’Espagne, s’intéressait seulement aux nouvelles que l’on donnait de sa santé. De telles difficultés s’élevaient au sujet de l’entrevue, que parfois personne n’y croyait plus, don Francès lui-même. De l’Escurial, Philippe II jouait de l’entrevue à sa manière féline, le velours et la griffe. Il faisait connaître à sa belle-mère que la Reine Catholique avait déjà commencé le voyage en bonne santé et avec une telle joie de l’entrevue. Mais jamais Philippe II ne donnerait son consentement à la venue à Bayonne de Condé et de Mme de Vendôme. Il fallait le dire nettement à Catherine, expliquait-il à l’ambassadeur, car il eût préféré rompre dans le cas contraire. Et l’ambassadeur demandait que l’on continuât à bien entretenir Monluc qui « affectionnait tellement ses intérêts » > ! Le duc d’Albe, qui avait l’habitude de répéter et de préciser les ordres de son maître, le disait aussi à don Francès : l’ambassadeur d’Espagne doit s’opposer de toutes ses forces à la venue à Bayonne de Condé et de Mme de Vendôme. Au besoin, menacer Catherine, en lui disant que la reine sa fille ne viendrait pas. De même, avant l’entrevue de Bayonne, il fallait parler fermement à la reine. Elle devait rappeler ceux qui venaient de partir pour la Floride, empêcher l’expédition. Or l’ambassadeur d’Espagne, sans trop y croire d’ailleurs, avait recueilli le bruit que les Français armaient dix ou douze vaisseaux pour gagner la Floride. Ainsi la Nouvelle France aux Indes servirait à recevoir ceux qui étaient passés entre les mains de la justice, et aussi les huguenots ! Don

Francès avait fait à Catherine de Médicis la relation des lettres de Philippe II. Mais on commençait à mettre tellement en D gitized by