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DON FRANCÈS REGARDE BORDEAUX

pénibles travaux dès son jeune âge, contractant une grande dette envers sa mère qui l’avait si bien élevé et secondé, en sorte que bientôt il pourrait gouverner seul, mais en suivant ses conseils prudents.

Le président parla ensuite de la grandeur et de la puissance du royaume, déclarant que le roi de France était un véritable empereur ne reconnaissant aucun souverain au-dessus de lui. Et même en ce qui concernait le domaine de l’Église, il n’avait rien à demander au pape, ni décimes, ni aides, ni autre chose. Autant dire que le premier président avait parlé d’une manière qui ne pouvait que sembler insolente à don Francès au sujet du Concile de Trente.

C’est qu’il s’agit ici de la défense du pouvoir laïc, de l’absolutisme royal, qui prendra un jour la forme de l’État, la pensée même des gens du Parlement. Sans doute le Premier avait mis quelque emphase, et certaine longueur girondine, à énoncer ces principes. Car Charles IX, sur sa quinzième année, qui grandissait dans son corps et dans son esprit, regarda souvent pendant ce discours l’ambassadeur d’Espagne. Le roi répondit par quelques formules d’usage au président. Pendant ce long discours, un chevalier de l’Ordre du roi était venu avertir Charles IX que la reine sa mère l’attendait dans une maison voisine. Informée de la tendance de la harangue, elle ne paraissait pas satisfaite. C’est du moins ce que pensait don Francès qui se rendait, lui aussi, chez la reine. Tout le monde croyait déjà que c’était à cause de la harangue. Mais en fait don Francès l’entretint des misères que le vicomte d’Orthe ¹ causait aux sujets du roi d’Espagne. Catherine de Médicis lui répondit, qu’elle le regrettait, qu’elle ferait le nécessaire. Mais don Francès savait bien qu’elle n’en ferait rien, dût la maison où elle était s’écrouler sur sa tête ! La reine avait chaud en ce printemps bordelais. Elle se mit aussitôt en el turidine 2, laissant non loin l’ambassadeur, tout en parlant et en plaisantant au sujet de la Reine Catholique sa fille. 1. Guillaume de Nogué, vicomte d’Orthe, gouverneur de Bayonne Bayonne était un nid de corsaires, comme Dieppe. 2. Elle met sur son visage un a touret de nez ». D gitized by