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DE MONTAUBAN À AGEN

ORDEAUX était une grande ville marchande, et surtout un port où les Anglais, débarquant leurs draps et l’étain, B également aux nefs du Portugal et à celles du Nouveau Monde. Ce qui caractérisait alors, entre toutes les villes, Bordeaux c’était son peuple de matelots, le passage des « sauvages » de toutes sortes, gens d’Amérique ou d’Asie, la résidence des Portugais, des renégats et des Juifs, le commerce du vin avec les Anglais. Ce milieu coudoyait un puissant et riche clergé, comme en Espagne, une bourgeoisie de marchands aisée, souvent fort lettrée, avide de profits et curieuse de nouveautés. Le monde du Parlement touchait à celui de la noblesse, au-dessus de cette riche bourgeoisie. Il se piquait de lettres, et Bordeaux s’enorgueillissait d’être la ville des antiquaires, des déchiffreurs d’inscriptions, des admirateurs des statues antiques qui étaient conservées à l’Hôtel de Ville. Pendant trois siècles, Bordeaux était demeurée sous la domination anglaise. Les anciens occupants y avaient leurs habitudes, leurs comptoirs, appréciant, comme l’on sait, le claret. Ville rebelle au début du règne de Henri II, soulevée contre l’impôt sur le vin et la gabelle qui pesait sur la consommation du sel, ses habitants protestataires avaient été écrasés précisément par le connétable de Montmorency qui allait conduire dans la ville, pour la première fois depuis les troubles, un roi de France. Les idées nouvelles s’étaient propagées à Bordeaux, portées par Arnaud Monier de Saint-Emilion et son amí Cazes, de Libourne, brûlés en 1556. A la mort de François II, suivant Théodore de Bèze, on y comptait sept mille réformés, évangélisés par deux ministres, Philibert Grenée dit la Fromentée et Jean Duranson, dit Neuchâtel. Les réunions avaient lieu dans la mai. CATHERINE DE MEDICIS. 16


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