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CATHERINE DE MÉDICIS

Etienne, Charles IX mit pied à terre, faisant oraison devant le grand autel ; puis il se retirait à l’Evêché. Et c’est un fait que dans Agen la catholique, le roi fit jeter dans la Garonne plus de vingt paquets de livres hérétiques, dont deux ou trois en langue espagnole, tous venant de Genève ! Tandis que les gens d’Agen se pressaient sur le passage du roi, un autre cortège entrait par la porte de la Garonne. C’était celui de la reine-mère et de sa fille Marguerite. Le jour suivant, on vit peu les princes. A peine les apercevait-on quand ils quittaient l’Évêché pour se rendre à la cathédrale entendre les vêpres Cependant, le lendemain 25 mars, les consuls attendirent que le roi sortit de sa chambre pour lui offrir un présent au nom de la ville. C’était une pièce d’orfèvrerie d’argent massif et doré. On y voyait les armoiries d’Agen. Entre les deux tours, symbole de la cité, se dressait une Vierge tenant d’une main une palme, et de l’autre une targe. Ce présent était, comme il convient, accompagné de vers.

Alors le roi se rendit à Saint-Étienne, où il devait toucher les écrouelles et présider au baptême d’une fille de Monluc qui reçut le nom de Charlotte-Catherine. Gracieusement, leurs Majestés reconduisirent l’enfant au logis du père où était préparée une collation. Nous

avons rencontré déjà plusieurs fois Blaise de Monluc, le gouverneur de la Guyenne, qui est chez lui à Agen, un maftre en son fief catholique. On aimerait le montrer dans sa maison, Gascon håbleur, que don Francès connaît très bien, car il n’y a guère de meilleur défenseur de la foi, ni de plus dévoué serviteur de Sa Majesté le Roi Catholique. Monluc le sert en partisan, use de ses espions. Mais don Francès ne le prend pas au sérieux. Monluc est à ses yeux un bavard, un vaniteux personnage, ridicule quand il paraît à cheval couvert de plumes de différentes couleurs, comme s’il devait toujours se rendre à un tournoi. Le panache du Gascon n’en imposait guère au grave et sobre Espagnol. Don Francès a connu mieux que nous tous ses projets, ses offres de service ; et il ne peut pas accorder quelque confiance au fils de Monluc, qui l’importune depuis quelque temps avec l’armement d’un galion devant gagner l’Amérique pour y découvrir la fortune du jeune conquistador. Don Francès voit dans le fils um pirate. Dans le père, il reconnaît l’homme léger, le bavard, utile seulement quand son espion espagnol Bardaxi le renseigne sur les


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