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DE MONTAUBAN À AGEN

Temple, un pauvre village ; et l’on passa le Tarn sur un pont de bois pour aller coucher à Moissac. Cette petite ville s’allonge sur la rivière qui, une demi-lieue plus bas, mêle ses eaux troubles aux limpides ondes de la Garonne. La vieille église est adossée à la colline couverte de vignes. Les rues sont larges, les maisons de bois,

Le lendemain, 22, déjeuner à Pommevic ; on traverse la petite ville de Valence d’Agen, pour aller coucher à la Magistère, qui est formée de trois pauvres maisons sur la rive du fleuve. Le vendredi 23 mars, le roi montait sur le bateau offert par les capitouls de Toulouse et descendait pour déjeuner à la Fox ¹ ; il s’embarquait pour gagner la jolie ville d’Agen. Le connétable de Montmorency y était arrivé la veille ; responsable de l’ordre, il faisait partout le fourrier. Agen, à mi-chemin de Toulouse et de Bordeaux, avait toujours été un centre catholique. Il est vrai que Monluc y résidait habituellement. Les

rues de la ville étaient toutes ornées de tapisseries, et dans l’espace plus large de la voie, compris entre l’enceinte et le portail des Carmes, on avait tendu des draperies entre les maisons, en sorte qu’elles formaient un ciel de mille couleurs. La partie plus étroite était bordée de verdures, de peintures de saints et de héros, entre lesquels devaient s’avancer les princes. Le lendemain, dès neuf heures du matin, paraît Henri de Navarre. Vers trois heures seulement Charles IX débarque un peu en amont d’Agen. Le cortège se forme : derrière le roi s’avançait son frère, Henri duc d’Anjou, suivi des cardinaux de Bourbon et de Guise. On rencontra bientôt le jeune prince de Navarre, derrière lequel, chevauchaient en bon ordre, mais sans armes, les magistrats, les officiers royaux, les consuls et les bourgeois d’Agen. Les cloches sonnent, les canons de Monluc tonnent ; le peuple, pressé dans les rues, crie : « Vive le roil », tandis que dans les quatre couvents s’élevait le chant du Te Deum. Les consuls qui attendaient Charles IX sous la voûte, entre les deux tours du Pin, lui remettent les clefs de la ville : le roi était naturellement bien disposé à garder les habitants dans leurs privilèges et franchises à condition qu’ils obéissent à ses édits, ce qu’ils faisaient de si bon gré ; il leur « seroyt roy et père ». Parvenu devant Saint1. Lieu dit Moulin de la Fox, sur la carte de Cassini. D gitized by