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CATHERINE DE MÉDICIS

leur espoir. Et le peuple le reçut avec beaucoup de joie, chantant en son honneur des Psaumes. Sans doute, il aurait voulu, le lendemain pouvoir répéter ces chants, qui exaltaient sa foi, à l’entrée de Charles IX ; mais dès que le roi les entendit s’élever, il parut si mécontent que les chanteurs s’arrêtèrent. Il était trois heures de l’après-midi quand Charles IX fit son entrée à Montauban. Le prince de Navarre, le maréchal de Bourdillon, Monluc, l’ennemi de la ville qu’il avait subjuguée, suivis d’un grand nombre d’habitants se portèrent à sa rencontre. Au bout du faubourg Tolozenc, douze petits enfants à cheval, vêtus de taffetas violet, saluent le roi en récitant des vers français composés à sa louange. Près de la porte du Pont, attenant au château, Charles IX trouva les consuls dans leurs robes et chaperons. On lui présenta les clefs de la cité. Bonencontre prononça une harangue ; les consuls, tête nue, s’agenouillèrent, et le roi confirma les privilèges et droits de Montauban. Mais Charles IX ne devait pas être de bonne humeur ce jour-là. Lorsque les enfants de la ville crièrent, selon la coutume : « Vive le roi », Charles ordonna à la garde de les faire taire. Nombreux furent ceux qui lui présentèrent des pétitions. Le roi les prit sans dire un mot. Alors les consuls portèrent le poêle, et l’on parcourut les rues principales de la ville. On passa devant le château royal, puis devant le temple de Saint-Jacques, en traversant le quartier de la Faurie, jusqu’à la maison de Jean Tieys Dariat, bourgeois de la ville, où le logement de Charles IX était préparé. Sur le portail, on avait mis la devise du roi : Pietate et Justitia. Dans la ville réformée, on ne voyait pas les mythologies habituelles. Mais sur l’arc-de-triomphe, on avait peint l’histoire du roi Salomon et celle de Josias. Josias, tel était le nom donné à Charles IX par les huguenots qui avaient mis en lui beaucoup d’espoir. Et l’on sait encore que le lendemain les consuls de Montauban lui firent présent, au nom de la ville, d’une coupe à dragées d’argent, « <fort exquise », sur laquelle étaient gravés les quatre éléments. Quant au prince de Navarre, il reçut un cheval de 200 écus, que l’adolescent accepta : « Mais ne luy fust lors baillé, n’ayant ladicte ville commodité de luy bailler pour ceste heure ». Telle était la misère de Montauban ! Le lendemain, de bonne heure, le roi entendit la messe dans la cité réformée. Il partit aussitôt après, déjeunant à la bastide du


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