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DE MONTAUBAN À AGEN

Martin Taschard. Les élusde la ville ne prêtaient déjà plus serment sur l’Evangile, par Dieu et sur le missel, mais sur la Bible, et au nom du Dieu vivant, en levant les mains vers le ciel. 233

Telle est l’emphase lyrique et révolutionnaire, et on peut le dire traditionnelle, des gens de Montauban. Ils faisaient leurs prêches dans plusieurs églises de la ville ardente, rouge comme ses briques cuites au soleil. Comme partout les prêches étaient l’occasion de rixes entre les réformés, la population catholique, les chanoines. Maîtres de l’église Saint-Louis, où les catholiques n’avaient plus qu’un jour de service, les offices, les enterrements de deux cultes faisaient naître des luttes perpétuelles où les réformés pensaient être les plus forts. Après l’édit de janvier, à l’exemple de Toulouse, le culte ne devait avoir lieu que dans les faubourgs, puisque Montauban était une place forte. Mais le gouverneur de la Guyenne, Monluc, et son lieutenant Burie, avaient résolu de frapper un grand coup. Le ministre Taschard y fut arrêté, et la ville de Montauban ne devait pas subir moins de trois sièges en mars 1562, septembre et octobre, jusqu’en avril 1563. M. de Monluc s’était découvert l’ennemi particulier de Montauban, place riche et bonne à piller, le réduit de l’adversaire. Et les gens de Montauban, devant les forces déployées devant eux, se découvraient, sous la terreur de Monluc, de Terrides et de Burie, des croyants qui devenaient des soldats, dans un camp retranché de la foi.

Ce n’est pas ici le lieu de dire la misère de ces sièges, du blocus, sous la famine et le canon, les succès et les revers de cette petite guerre. La ville, abandonnée par ses chefs, devait retrouver ses magistrats peu avant l’entrée de Charles IX. Au mois de février ils avaient reçu l’ordre de faire démanteler leur forteresse dont les armes et les munitions étaient abandonnées à Monluc. Toutefois on leur laissait une église, qui était plutôt, au dire de don Francès, une petite forteresse. Et les habitants, ruinés et misérables, cherchaient à rentrer dans la bonne grâce de Charles IX, lui demandant de reconnaître qu’ils avaient toujours gardé la ville à son service.

La pétition avait été renvoyée au conseil par le connétable (février). La veille de l’entrée du roi, les gens de Montauban virent arriver le petit prince de Béarn, le futur Henri IV, alors âgé de douze ans, l’enfant vigoureux et robuste, leur maître, qui était D gitized by