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CATHERINE DE MÉDICIS

sible d’espérer de leur faire changer d’opinion. C’est pourquoi l’amiral suppliait la reine d’y bien prendre garde, la priant de ne pas mettre en danger le roi et la couronne. Quant à Brissac, de son côté, il semblait en revanche qu’il fût chargé sans doute de faire pénétrer aussi le trouble dans le cœur de don Francès. Car il l’avertissait que la flotte turque, dont on attendait l’arrivée, était très puissante, et que si le Roi Catholique le voulait, il pourrait bien lever chez nous deux ou trois mille hommes d’élite qui le serviraient. L’ambassadeur d’Espagne n’était pas homme à perdre facilement contenance. Il répondit que le roi son maître ne se servirait pas volontiers des sujets français, et qu’au surplus, en Espagne, on n’avait jamais eu peur des Turcs. Au milieu de ces menaces, de ces mensonges, Charles IX venait de rendre pour tout son royaume un édit que don Francès envoyait immédiatement à Philippe II, et qu’il considérait comme monstrueux. Il se rendit à l’instant chez la reine-mère : « C’est la chose la plus scandaleuse qu’on ait vue dans la Chrétienté. » Catherine de Médicis fit bonne contenance. Elle couvrit le chancelier qui l’avait rendu, déclara qu’elle-même était l’auteur du tiède édit, et que s’il était mauvais, on l’amenderait. Don Francès se retourna vers elle : « Votre responsabilité demeure grande, car vous êtes la maîtresse absolue du royaume et du roi. C’est ce dernier qui est responsable de l’édit… >> Mais le connétable et la reine mirent sur le dos du chancelier le fâcheux édit, et promirent de le faire changer. Le 18 mars eut lieu à Toulouse la procession générale où furent portées les reliques de saint Semin, Elle fut suivie d’un grand peuple. On visita les châsses, entre autres celle de saint Jacques que les pèlerins venaient vénérer avant de se rendre à Saint-Jacques de Galice. Cette adoration était tout indiquée, pour une cour qui allait se rendre en Espagne. Ce jour-là, le duc d’Orléans reçut la confirmation des mains du cardinal d’Armagnac dans la cathédrale Saint-Etienne. Alexandre Edouard prit officiellement le nom de Henri, en souvenir du feu roi son père ; Hercule, le duc d’Anjou, reçut celui de François porté par son aïeul. Car ces fils sont si grands, qu’on ne ferait pas d’eux de simples cardinaux, mais au besoin des papes ! La reine-mère tint à faire elle-même à don Francès le récit de la confirmation de Henri d’Orléans, lui rapportant pourquoi il D gitized by