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CATHERINE DE MÉDICIS

On danse à Toulouse jusqu’à minuit, et cependant les conseils d’État se tiennent dans la matinée jusqu’à midi. Charles IX est pâle, fatigué, parfois même indisposé. Le 20, la ville organisa un banquet en son honneur au Capitole. On l’attendait vers dix heures. Il avança son arrivée et se présenta vers neuf heures, demandant à manger avec une hâte visible. L’ambassadeur anglais, craignant je ne sais quoi, prit place près de don Francès. Il semblait attendre l’envoyé de Portugal. Ce dernier s’avança d’un air si désemparé que le roi et la reine ne purent s’empêcher de rire ! Don Francès eut pitié de son collègue que les dames provoquaient, lui envoyant des « bouchées », buvant à sa santé un si grand nombre de fois qu’il dut implorer grâce. La table enlevée, le roi regarda les danses et le théâtre. Puis Charles IX demanda au connétable d’appeler don Francès :

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Je brûle d’impatience de voir la reine ma sœur, et chaque jour me dure autant u’un an. Je voudrais que vous alliez avec moi au camp, car je vais courir une course de bague, et je veux que vous me voyiez.

Le connétable dit à l’ambassadeur des mots d’amitié, et la reine-mère montra, une fois de plus, son allégresse au sujet de l’entrevue.

Puis le roi emmena au camp l’Espagnol. Durant le trajet, M. de Cipierre s’empara de lui : — La reine est décidée à donner ordre aux affaires de la religion, aussitôt après l’entrevue ; le connétable est d’accord avec la reine.

— Comment la reine pense-t-elle le faire ? Elle seule le sait, avec vos amis. Probablement le roi rendra une ordonnance pour ne plus tolérer de ministres en France. Vous ne pensez auparavant à tenir les armes nécessaires, car vous savez bien que l’amiral et le prince les prendront aussitôt ? — C’est la première chose que nous ferons, si le roi votre maître nous favorise. Croyez-vous qu’il nous favorisera ? — Vous doutez encore de lui ? Soyez persuadé de sa résolution. Mais moi, je crois que le chancelier fera encore fléchir la volonté de la reine.

Nous avons, Bourdillon et moi, prévenu la reine qu’il ne s’agit pas là d’un jeu d’enfants, que si le Roi Catholique l’apprend, il sera trop tard pour revenir sur sa décision. D gitized by