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UN BIEN POUR LE SERVICE DE DIEU

s’y rendrait avec son conseil. Le chancelier fit prévaloir que l’on devait aller d’abord à Bordeaux. On verrait par la suite. On établissait encore en secret le programme des fêtes, et il changeait toutes les heures. Catherine de Médicis semblait espérer enfin que le roi d’Espagne voudrait bien venir en personne. Quant au duc d’Orléans, il tenait à jouer un rôle, comme on l’écrivait au duc d’Albe ; il désirait aller chercher sa sœur jusqu’à Tolosetta : ainsi il paraîtrait gagner la victoire » pour le Roi Catholique !

Ce qui se précisait aux yeux de don Francès, c’est que les Français voulaient donner une forte idée de leur grandeur, de leur munificence. L’ambassadeur voulait croire qu’on n’y verrait ni la reine de Navarre (ce que le roi d’Espagne n’eût pas toléré), ni le prince de Condé, d’ailleurs si décrié en ces jours, depuis qu’il avait fait tirer de sa prison, par quatre chevau-légers lui appartenant, Mlle de Limeuill

Le bruit se répandalt enfin qu’on irait à Bayonne en trois groupes. Le duc d’Orléans irait avec Damville ; la reine-mère jusqu’à Saint-Jean-de-Luz et Irun ; le roi les attendrait à Bayonne. Mais l’entrevue aurait-elle lieu ? On pouvait parfois penser que non, car le bruit se répandait que la reine Elisabeth était enceinte, et que le roi d’Espagne ne voulait plus qu’elle fit ce voyage.

Était-ce là une invention de la reine-mère, comme l’estimait l’ambassadeur, pour calmer les huguenote inquiets ? Mais quand don Francès la rassure, elle ne se tient pas de joie.Et déjà Catherine arbore un long manteau à l’espagnole. On la voyait en fin s’occuper des bijoux pour les cadeaux, s’entendre avec les Florentins, négociant un prêt de quatre-vingt mille ducats pour les frais de la fête. Quant au roi, il envoyait chercher des bagues jusqu’à Constantinople ! Le moindre faux bruit inquiéte la reine-mère et la rend nerveuse. Elle importune chaque jour don Francès au sujet de l’entrevue, se plaint que le serviteur qu’elle a envoyé vers Philippe II ne soit pas encore rentré. Aurait-elle déjà peur, se demandait don Francès ? Le roi d’Espagne est heureux, lui, de tenir tout le monde en haleine. Il félicite son ambassadeur de sa dextérité et lui donne l’ordre de rien dire au sujet de l’entrevue, sinon qu’elle n’aura pas lieu avant Pâques.

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