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CATHERINE DE MÉDICIS

Mais il n’apparaît pas cependant que le Parlement de Toulouse, que Théodore de Bèze a qualifié de « sanguinaire », ait fait montre en ces jours d’intolérance. Il comprenait des conseilIers appartenant aux meilleurs familles de la province et des avocats renommés. Le roi écouta la plaidoierie du fameux avocat Terlon qui, ce jour-là, plaida la cause de Mme de Ferrare, la fille de Louis XII, que Catherine de Médicis aimait et respectait infiniment, réformée d’esprit et de cœur, charitable à tous. Or, comme Mme de Ferrare revenait dans son carrosse d’un synode huguenot tenu à Nîmes, en compagnie de son ministre, des gens « séditieux » de Toulouse avaient proféré contre elle des paroles qu’elle estimait injurieuses et ils avaient jeté des pierres contre sa voiture.

222 L’avocat disait la grandeur et l’antiquité de sa maison, celle de France, la première du monde. Les coupables sont immédiatement condamnés à être fouettés aux carrefours. L’autre affaire, débattue en présence du roi, fut la plainte de Catherine de Narbonne, dame de Brassac, épouse du sénéchal de Castres, qui avait assigné le seigneur de Ferrières en restitution des meubles enlevés par lui lors des premiers troubles. Le seigneur de Ferrières, huguenot, reconnut ses torts, invoquant à son profit l’abolition consacrée par l’édit de pacification. Et le roi imposa silence aux deux parties, leur recommandant de vivre en bons amis, ordonnant au seigneur de Ferrières de restituer ces meubles d’une grande valeur. Au synode provincial de Nîmes, les églises du Bas-Languedoc avaient élevé leurs plaintes contre le trop zélé gouverneur Damville ; et le roi avait renvoyé l’affaire au Parlement de Toulouse. Là vinrent les députés du Bas-Languedoc, auxquels s’étaient joints ceux du Haut-Languedoc, représentés par le sieur de Ferrières et les autres par le conseiller Clausonne, du présidial de Nîmes. Le connétable avait écouté leurs plaintes contre son fils Damville avec impatience. Puis il avait dit au conseil : « Si ces choses sont véritables, il faut que Votre Majesté fasse trancher la tête de mon fils ; mais si elles sont fausses, il faut faire punir ses calomniateurs ! » Clausonne fut arrêté. L’affaire s’apaisa, et le connétable aussi.

On voit que la venue du roi et de sa mère à Toulouse y fit naître une autre atmosphère que celle des combats. C’est grâce aux souvenirs d’un ardent réformé, Jacques de Garches, que D gitized by