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PROJET DE L’ENTREVUE

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il y avait encore moyen de remédier à cet état de choses ? Catherine se tut, et l’ambassadeur ne réussit à lui tirer aucune parole par la suite. Elle changea le thème de la conversation, lui demandant si vraiment la reine d’Espagne viendrait avec une petite suite :

— Elle prendra juste ce qui lui est nécessaire pour son service. — C’est très bien ainsi ; moi et mon fils, de notre côté nous ferons la même chose. On a pris déjà des mesures nécessaires pour préparer à Bayonne un logement pour la reine d’Espagne. Sa Majesté le Roi Catholique peut venir tout près de Bayonne, et le roi mon fils peut aller le chercher là où il se trouvera, et où il le voudra.

Mais don Francès pensait que Bayonne ne saurait convenir, la cour de France lui paraissant trop considérable pour y résider. Et surtout il estimait qu’on ne ferait rien pour réformer ce train de cour ; par là il redoutait bien des ennuis. La joie que les catholiques éprouvaient au sujet de l’entrevue semblait vraiment très grande. Par contre les huguenots se montraient inquiets et l’on pensait qu’ils feraient quelque tentative pour empêcher cette rencontre. C’est du moins dans ce sens que don Francès parla, à dessein, à la reine-mère.

Mais deux hommes aussi paraissaient sombres et somnolents : le connétable et le prince de La Roche-sur-Yon. Car ce dernier, qui s’occupait de mariages, voulait faire celui de la princesse de Portugal avec le roil C’est encore lui qui disait toujours à la reine-mère : « Nous ne voulons pas d’autre maîtresse que vous, sauf une toute jeune fille que vous formiez à vos habitudes ». Quant à Monluc, il se montrait l’homme le plus heureux du monde : « Mais Votre Majesté peut croire que certains braves tremblent, et surtout le connétable, et le chancelier plus que personne ! >>

Ainsi don Francès exprime à Philippe II sa joie faite du chagrin de ceux en qui il voyait des adversaires. D gitized by