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CATHERINE DE MÉDICIS

alors : « Je ne suis pas Espagnol ». Il en avait été le « voisin ». Les fleurs de lys étaient demeurées chez lui : M. de Monluc était resté fidèle à sa façon ; et chaque jour, il avait fait sa prière, ayant mis sa confiance en Dieu. Il écrira un jour, dans la retraite de son château près d’Agen, ses Commentaires qu’Henri IV nommera la « Bible du soldat ». Car à tous ceux qui auront des hommes à mener au danger, Monluc a laissé ce précepte, magnifique et efficient

« Mettez la main à l’œuvre le premier. Vostre soldat de

honte vous suivra. Croyez, mes compagnons, que tout dépend de vous ! >>

212 Monluc et son fils (ce dernier prépare une expédition coloniale en Amérique), sont vraiment curieux à observer à Toulouse, chez l’ambassadeur d’Espagne. Blaise venait dénigrer les services rendus par l’ambassadeur de France, M. de Saint-Sulpice, aspirant peut-être à devenir lui-même un intermédiaire entre le roi de France et Philippe II, alors qu’il était déjà, ou se proposait d’être un agent du roi d’Espagne : — — Je veux servir Sa Majesté Catholique et prendre part à la première expédition qu’elle fera en Afrique… (et baissant la voix) : J’ai pris cette décision, car la vraie religion est ruinée dans ce royaume. Les hérétiques veulent tuer le roi, mon maître, et du moment que ce Roi Catholique nous laisse nous perdre ainsi, je veux aller contre les Maures. Mon fils va à la découverte de la terre des Indes, et il prépare pour cela un navire. — Je vous assure de l’estime de Sa Majesté. Mais on n’entend pas parler d’une entreprise en Afrique pour le moment. Le Roi Catholique ne pense qu’à restaurer la religion catholique et la couronne du roi son frère. — Cela ne peut pas se faire, car le chancelier est un mauvais homme, et le connétable n’est pas meilleur non plus. Les cardinaux sont des faibles et des timides ! — Au sujet de votre fils, savez-vous qu’en Bretagne et en Normandie des pirates ont pillé les navires du Roi Catholique venant Indes ¹, et ont jeté l’équipage à la mer ; et j’ai prié le conseil de Sa Majesté d’armer des navires pour châtier ces corsaires. Je serais en peine qu’il arrivât quelque chose de fâcheux à votre fils. Je vous remercie. Mon fils ne va pas à la conquête d’une terre touchant à Sa Majesté. 1. De l’Amérique s’entend. D gitized by