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CATHERINE DE MÉDICIS

Toulouse, douze cents gentilshommes gascons étaient venus à l’avance pour baiser la main du roi et recevoir la gratification de leurs services. C’étaient les hommes de Blaise de Monluc, qui les avait conduits naguères à l’assaut de Toulouse. Dans leur inquiétude, la reine-mère et le chancelier avaient écrit à Monluc de les renvoyer. Blaise leur avait fait part de cette commission : mais les Gascons avaient déclaré que, s’ils rentraient dans leurs maisons, ce serait pour toujours, que jamais plus ils ne serviraient le roi. Sur quoi Blaise de Monluc, qui avait la plume aussi facile ue la langue, répondit que ses compagnons étaient venus pour voir le roi, car on racontait dans tout le royaume que Charles IX ne vivrait pas plus d’un an, qu’il n’avait ni appétit ni sommeil, qu’il allait toujours s’affaiblissant. La reine-mère tenant à donner un démenti à ces bruits, n’avait pu que faire savoir aux gentilshommes gascons qu’ils seraient bien reçus et traités par son fils. Blaise de Monluc, dont le castel s’élevait non loin d’Agen, à Étillac, où il écrira ses Commentaires, était un homme de soixantequatre ans, brave Gascon s’il en fut, possédé du désir de la gloire comme un italien, mais au demeurant un besogneux, prêtant à l’occasion à intérêt quand il avait lui-même touché son traitement et ses revenus.

Quel soldat, quel ardent cadet de Gascogne, malgré son âge ! Il darde sur vous de grands yeux ardents et sombres ; son long nez remue et sa barbiche blanchie s’agite, Arquebusé tant de fois, Blaise de Monluc avait laissé un bras en Italie, émerveillé Sienne par son cran. Le traité de Cateau-Cambrésis, en 1559, lui avait