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CATHERINE DE MÉDICIS

telle une capitale. Des avocats, comme les du Faur, les marchands que sont la plupart du temps les capitouls de la cité, pensaient qu’il convenait de vendre le temporel des ecclésiastiques pour acquitter cette contribution, plutôt que de charger le peuple des travailleurs et le monde des commerçants. L’Eglise, nel’entendant pas ainsi, fit agir sur tous les parlementaires qui s’y opposèrent. Par là les gens du Capitole s’étaient rendus suspects de favoriser la Réforme. On les accusa de tolérer le chant des Psaumes, de souffrir les réunions du collège de l’Esquille. Les Jacobins tonnèrent contre eux dans les couvents. Ainsi la Réforme à Toulouse avait été liée au sort meilleur des petites gens, des marchands. On y observa des rixes, des croix renversées, comme ailleurs. On y brûla Bodin de Bourgogne, le moine qui s’était fait serrurier, et vivait du travail de ses mains. Et les gens des campagnes, propriétaires et châtelains, effrayés du caractère de révolte sociale que prit la Réforme dans les campagnes, se réfugièrent à Toulouse comme des sans-abri. L’édit de janvier avait autorisé l’exercice de la religion dans les faubourgs. Du Nort, ministre, fit le premier sermon hors de la Cité. Vers la porte de Villeneuve, un temple fut érigé. Mais injures et coups étaient échangés, à l’aller comme au retour des prêches. Par là on cherchait à intimider les capitouls, et certaines familles célèbres du Parlement de Toulouse qui les favorisaient : les du Faur, d’Assesat, de Paule. Ainsi la situation était demeurée difficile, et l’on vivait à la merci d’un incident. Un jour un coup de canon malencontreux fut tiré sur le prêche : trois blessés et un mort ! Une autre fois, tandis que les réformés accompagnaient un enterrement, les catholiques des faubourgs Saint-Etienne, Saint-Michel, Saint-Salvadour se jetèrent sur eux. Encore des blessés. Sous la protection des capitouls et des magistrats, les réformés avaient mis le château en défense ; les catholiques armèrent de leur côté les églises, leurs clochers et leurs tours. Des deux côtés on leva des troupes. Les réformés s’emparèrent alors de l’Hôtel de Ville, marquant de la croix blanche les maisons de leurs adversaires. Le Parlement nomma de nouveaux capitouls. Et les tocsins sonnèrent dans la ville et à la ronde à travers la campagne. Les réformés se retranchèrent derrière les barricades, dans les rues de Toulouse, livrant un combat de deux jours (14-15 mai 1562). Le trompette les excitait du haut de la maison commune, au chant des Psaumes. Quant aux catholiques, ils don