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CARCASSONNE SOUS LA NEIGE

L E train de la cour reprenait, le 30 janvier, la route, remontant vers Toulouse, en passant par Avignonet, par Villefranche-de-Lauraguais, le centre de la culture du pastel servant à la teinture, et qui faisait de cette région un pays de Cocagne. On couchait à Villenouvelle, où étaient des maisons neuves. Le roi y déjeune le lendemain, traverse Baziège et Montgiscard. Sur le chemin, on visite les pierres de Naurouze, mises là par une fée. Lorsque les trois pierres se rejoindront, toute honte sera abolie en ce monde, et le jour du jugement deviendra proche. A considérer ce qui se passait, ce jour pouvait ne pas sembler lointain ! Dans la soirée, apparut Toulouse, avec ses maisons de briques et ses clochers. La cité parlementaire, la ville des marchands et de leur Capitole, des joyeux étudiants en droit qui travaillaient si peu et remplissaient des éclats de leur voix méridionale les venelles de la cité, portant l’épée comme des fils de famille et caressant les brunes servantes, Toulouse, et pour mieux dire « la cité de Pallas pour l’éloquence et la poésie », avait bien souffert et semblait fort divisée.

Tel était le résultat des querelles intestines de la ville. La Réforme y était entrée au temps de Henri II, quand le Parlement de Toulouse, celui que Bèze nommera « le plus sanguinaire de France >>, fit brûler Pierre Serre qui mourut avec une telle constance. Les passions sont vives au pays des Albigeois. La ville de Toulouse est remplie de couvents, condition toujours favorable au développement des réformés. Mais bientôt se posa, dès la première année du règne de Charles IX, la question du paiement des dettes de l’Etat. Toulouse était, comme on disait, l’une des « villes capitales » désignées pour y contribuer : Toulouse brillait en fait CATHERINE DE MÉDICIS

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