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CATHERINE DE MÉDICIS

(ARCASSONNE, ville épiscopale, comptait depuis longtemps des partisans de la Réforme, jusqu’aux troubles du mois inouïe et divisèrent la ville en deux factions ; la haine de deux hommes, François de Lasses, le président au siège présidial, et Raymond du Roux, le juge mage, les compliquaient singulièrement. Un

matin, devant la maison de Raymond du Poix, honorable marchand et réformé, on trouvait une image de la Vierge pleine de fange. Le conseil décida une procession générale réparatrice, y convoquant tous les habitants sous la peine de vingtcinq livres afin d’accompagner cette image à l’église Saint-Michel où elle avait été abattue récemment. Quelques exaltés ayant crié qu’il fallait mettre le feu à la maison de Raymond du Poix, les « épées » sortirent d’elles-mêmes, et la ville s’arma : le marchand Bernard Cavalier, Pierre Bonnet, Guiraud Bertrand et d’autres réformés furent assommés cruellement : à Guiraud Bertrand, on fendit la bouche avec une dague ; on plaça dans cette bouche sanglante un mords de bride, et un livre fut mis entre ses mains.

Les « séditieux », comme dit Théodore de Bèze, tuèrent ces réformés pour tuer, et avec eux huit catholiques. Ils détruisirent de même, pour le plaisir de détruire, chez le libraire des livres de plainchant. Asturgy, lieutenant du sénéchal, fut grièvement blessé. Quant au beau-père du président, qui avait donné ce bel avis de la procession, abattu d’un coup de pierre, il dut se cacher dans sa D gitized by