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CATHERINE DE MÉDICIS

Nous n’avons plus que la lettre, fine et spirituelle, que Cathe rine de Médicis écrivit à ce correspondant qu’elle appréciait entre tous, et qui était M. de Saint-Sulpice, ambassadeur d’Espagne. Certes, elle avait voulu aller jusqu’à Leucate, où l’on travaillait à la fortification, il convenait de savoir où en étaient les travaux sur cette frontière.

200 Dans ce pays, « plein de montagnes et bandoliers » ¹, le roi avait voulu conserver avec lui les bandes de Strozzi qui assuraient sa garde « afin qu’il n’eust ceste honte que ces canailles saccageas sent quelques-uns de sa court » sur la route de Narbonne. Mais le lendemain de son arrivée danscette ville, après le déjeuner, la reine avait eu cette envie de se promener le long de l’étang avec son fils le duc d’Orléans, le cardinal de Bourbon et une partie de sa compagnie. On débarque près du château de Salces où ses chevaux l’attendaient. Catherine fait prévenir le capitaine afin qu’il ne prenne pas l’alarme, et vienne le trouver. Elle lui dit qu’elle est simplement venue pour se promener, qu’elle en avait usé comme des terres du roi son fils, et qu’il voulût bien lui montrer son jardin, qui était hors de la place, où il y a force orangers ». Et la reine-mère s’y était promenée, tandis que l’attendaient ses chevaux, recommandant au capitaine espagnol d’avertir le roi son maître de sa venue, et aux siens de ne pas s’approcher de la place. Car elle était ici pour se promener, et voir le pays, sans plus. Mais l’alarme avait été chaude. Au conseil, à Narbonne, ne disalton pas qu’elle était déjà en Espagne ! A dire le vrai, elle n’y était pas dépaysée : « Si vous en oyez parler, vous en croyrez ce qui en est et en ferez le compte à la royne ma fille, affin qu’elle en rie, comme nous avons faict !… >> Rire, cela ne doit pas arriver souvent à la pauvre enfant. L’entretenir et la voir, c’est ce que Catherine souhaite le plus : c’est pourquoi, dans un post-scriptum, elle demande à M. de SaintSulpice de lui adresser une demi-douzaine de peaux de maroquin noir et du plus beau, et de la « sire de Pourtogallo » pour fermer les lettres de toutes couleurs : « Vous voyés, puys que ne puis voyr ma fille, come je me veulx contenter de me le fayre acroyre, et aller en ses terres ! » On rentra coucher à Sigean. On reprit la route de Nar bonne, où l’on arriva le 9 au soir pour y passer la nuit et la journé 1. Les bandoliers sont des brigands, des contrebandiers. D gitized by


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