I
EN LANGUEDOC
epuis le départ de Montpellier, le temps fut affreux. Le
conseil avait même donné l’avis de ne pas se mettre en
route. Comme toujours, une grande confusion régna. Fallait-il
laisser des garnisons à Montpellier et à Nîmes ? C’était l’avis
du chancelier, qui fut suivi. Le connétable dut bientôt rebrousser
chemin. Monseigneur d’Orléans perdit ses bagages ; mais le reste
du charroi fut sauvé, non sans grands dommages. Ce « naufrage »
obligea le roi à s’arrêter deux jours dans une petite ville pour rassembler
la cour. Et la reine-mère promit d’indemniser les pertes
de chacun.
L’itinéraire tenu à jour par Jouan, serviteur du roi de France, permet de fixer ces étapes difficiles. Charles IX passe le lundi, premier janvier 1565, à Poussan et à Florensac où il couche ; le lendemain, il entre à Agde, « bonne ville » et évêché. Le mercredi 3, le roi traverse l’Hérault, sur un pont fait de barques, déjeune à Villeneuve, célèbre par sa garenhe de lapins délicieux dont la chair avait le goût de la réglisse. Pour le gîte du soir, il arrive à Béziers, qui passait alors pour une grande ville, et avait en effet un évêché.
L’entrée eut lieu le 4. Le bruit qui circule est que le roi et la reine-mère ne doivent rester qu’un jour dans cette cité, pour marquer leur mécontentement. Car, il y avait deux ans, les gens de Béziers, en partie réformés, avaient tenté de s’emparer de Narbonne, la catholique.
Ces désordres remontaient à l’année 1561, quand les réformés qui chantaient les Psaumes au bois de Soustre avaient été assaillis