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CATHERINE DE MÉDICIS

— Je le sais, le cardinal de Lorraine est en train de s’accorder avec les ennemis de votre mari, sans autorisation du roi, ni la mienne, ni la vôtre je pense !

Mme de Guise se troubla devant cette feinte certitude ; au milieu de ses larmes, elle dit qu’elle espérait toujours dans la justice du roi, au sujet de la trahison qui provoqua la mort de son mari.

Ce que le cardinal de Guise confirma le lendemain.

Et souvent on voyait La Mothe-Fénelon s’empresser auprès de don Francès : « Il m’assomme presque tous les jours par des prières pour que je fasse de bons offices auprès de Votre Majesté de telle façon qu’on puisse conserver la paix, car la reine a quelques soupçons en ce moment. »

Oui, conserver la paix !

La paix, c’est quand l’on danse, comme le troisième jour de la fête de Noël, sur la grande place de Montpellier, devant le logis du roi, au son des trompettes ; alors, tenant dans leurs mains des cerceaux fleuris, les gens du pays, costumés et masqués, dansaient la treille. La paix, c’est le loisir pour l’adolescent chasseur qui court le lendemain à Villeneuve près de Maguelonne, le vieux fort dans le marais, pour voir un spectacle jamais vu : l’envol rose et blanc des grands flamands. La paix, c’est quand on a seulement les ennuis du mauvais temps et de la route.

Après treize jours passés à Montpellier, on reprit le chemin, le jeudi 30 décembre, pour déjeuner à Fabrégues et coucher à Poussan où Charles IX passa le dernier jour de l’année.


La paix, c’est aussi pour Philippe II le travail de bureau qu’il accomplit jusqu’au dernier jour de l’année, y faisant son salut.

Le 31 décembre, le Roi Catholique est à Aranjuez, écrivant son courrier pour don Francès :

« Que devient le prince d’Orange ?… Donnez-moi des précisions au sujet des Flamands qui peuvent être suspects comme hérétiques… Avez-vous des nouvelles des reliques ? »

Ces dernières surtout le roi moine voudrait les recevoir bientôt.