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XXXIII

LA PAIX… ET LES RELIQUES !



On fêta la Noël, et l’on publia l’annonce de la grande procession générale qui devait se dérouler à Montpellier le jour de la Saint-Étienne, c’est-à-dire le 26 décembre. Cette publication, annoncée deux jours auparavant, prévoyait une amende de deux cents francs pour ceux qui n’y assisteraient pas.

Ce ban fut salué de plaisanteries et des moqueries de la foule. Puis les réformés envoyaient vers la reine quelques députés dire que l’annonce était contraire à l’édit d’Orléans, et qu’ils voulaient toujours le conserver, le considérant comme leur statut.

La reine les menaça, à sa manière à elle, qui devait être plaisante, car lorsqu’ils sortirent ils riaient aux éclats. Le ban fut rapporté certainement, puisqu’un témoin, Jean Philippi, qui a vu la procession passer, a dit que les réformés ne furent pas tenus d’y assister, ni de tendre leur maison de tapisseries, comme les catholiques : le roi « avait fait dire que ceux de la religion n’y étaient pas obligés ».

Mais au rapport de don Francès peu de réformés suivirent à travers la ville la procession. On n’y vit même pas les « notabilités hérétiques » qui, dans les villes catholiques, assistaient à la messe, pour plaisanter, comme le Rhingrave, M. de Crussol, et autres.

Comme toujours Catherine conduisait ce dernier par le bras. Arcauti[1] avait pu observer que la reine le priait de se découvrir sur le passage du Saint-Sacrement. Il répondit : « Madame, je me découvre pour vous, et pour le roi mon maître ! »

  1. Le domestique de don Francès.