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CATHERINE DE MÉDICIS

Voyant alors qu’il n’y avait plus rien à tirer de la reine, don Francès se fit ironique :

— Les sujets de ce roi sont tous très obéissants. Ainsi ils se réunissent tous les jours et font des ligues !

— Qui sait, peut-être traitent-ils entre eux d’une certaine paix, d’un accord qui sera le bienvenu pour nous ? Il y a un an que ces négociations ont commencé…

Le mot est et demeure profond ; il donna à penser à l’ambassadeur d’Espagne qui termina ainsi son rapport : « Il est fort possible que les choses se passent comme l’a affirmé la reine. Mais je crois plutôt que cette négociation est une chose arrangée par elle et le connétable, dirigée par le Pape, qui promet beaucoup de choses pour l’ambition du cardinal de Lorraine, s’il réussit à ramener l’amiral en l’obéissance du roi. Ce qui confirme mes soupçons, c’est l’habitude qu’ont ces ambassadeurs de s’éloigner de la cour, lorsqu’ils font une intrigue. Or le nonce est parti il a quinze jours, et l’ambassadeur de Florence a fait de même. L’ambassadeur de Venise est absent aussi depuis très longtemps, ce qui donne lieu de penser qu’à Venise il se machine quelque chose avec le Turc contre Votre Majesté et l’Empereur. »

Et comme il était pratique serviteur, don Francès prévenait Philippe II qu’en Catalogne il y avait beaucoup d’hérétiques, un grand commerce de livres interdits, pour le dommage du service de Dieu.

Le Roi Catholique fit son tortillonage habituel :

— Que l’on donne de ma part ces lettres à l’inquisiteur pour qu’il voie ce qui concerne la Catalogne.