Page:Champion - Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1937.pdf/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
LA NOËL DE MONTPELLIER

— Les affaires de la religion vont de mieux en mieux. Jamais un roi de France n’a été plus obéi que mon fils !

Charles IX ajouta :

— Si vous saviez l’amour et le respect que tous me portent !

Don Francès chercha un biais :

— J’ai dit que le roi avait des conseillers de réputation et très prudents, mais qu’il y en avait d’autres qui ne pouvaient être que réputés tels, et qu’on ne saurait tenir pour prudents. On fait partout des intrigues, des pratqiues contre le service de Dieu et du roi. Plaise à Dieu que les affaires de ce royaume s’arrangent, suivant la volonté du roi, et de vous-même, Madame !

— Je ne dis pas que vous n’ayez pas tout à fait raison, mais je vous promets que de ma part je ferai tout pour arranger les affaires.

Don Francès revint à la pierre de touche :

— Quelle sera la réponse pour les reliques de saint Eugène ?

— Il y a des difficultés qui viennent de la part du cardinal de Lorraine. Il estime qu’on ne peut pas se séparer d’une telle relique. Dans trois ou quatre jours on saura la décision du cardinal… Mais que pensez-vous de l’entrevue entre le cardinal et le prince de Condé ?

— Madame, le cardinal y est allé par votre ordre, et on ne peut en attendre de bons résultats pour le service de Dieu et de la couronne.

La reine-mère haussa le ton :

— Jésus, je vous assure que ce n’est pas par mon ordre, et en toute sincérité je vous dis que je ne sais pas le but de leur rencontre.

L’ambassadeur se montra surpris. Elle reprit imperturbable :

— Qu’en pensez-vous ?

— Que puis-je penser d’un accord entre deux de vos vassaux, grands ennemis entre eux, en dehors de votre consentement !

— Mais le cardinal de Châtillon est aussi avec eux.

— Et l’amiral et M. d’Andelot viendront sûrement aussi. Que peut-il sortir de cette réunion ? Ils ne sont là que pour mieux décider comment on tuera le roi et vous-même, et comment ils prendront la couronne !

— Non, car le cardinal de Châtillon est un homme bien intentionné.

— Il suffit que les autres ne le soient pas !